Oyo camarades! Début juillet a eu lieu la 18ème édition de la Japan Expo. À cette occasion, la plateforme de streaming et de téléchargement d’animes Wakanim.tv proposait l’ouverture à la lecture de son catalogue gratuitement durant tout le week-end!! Ni une ni deux, me voilà à mater non pas une, non pas deux, mais trois saisons d’animes. J’en ai bien profité.
50 épisodes en 2 jours Il a fallu faire des choix. La première série que j’ai regardé c’est Erased. Une unique saison de 12 épisodes que je chroniquerai bientôt car elle m’a bien plus (Maj: l’article sur Erased est sorti). Mais l’autre série que j’ai vu ensuite est celle qui nous intéresse aujourd’hui : L’Attaque des Titans (Shingeki no Kyojin). Et autant le dire tout de suite, c’était bien sympa, même si…
Petit historique
Le manga, la base
L’attaque des Titans est à la base un manga (aux dessins qui divisent), qui date de 2009, dessiné et scénarisé par Isayama Hajime. À ce jour, 86 chapitres composent ce shonen, et le volume 22 sortira en France en Août chez Pika Edition (qui le classe plutôt dans le seinen, pour un public plus mature, plus poilu donc). Un manga qui connait un large succès et qui sera primé à de nombreuses reprises.
L’adaptation animée pour la télévision
Suite à ce succès, une adaptation en série télévisée d’animation est naturellement produite en 2013 chez Wit Studio, un studio appartenant à Production I.G, le célèbre studio qui sévit depuis 30 ans dans l’animation japonaise pour mon plus grand plaisir (et pas qu’à moi).
Aujourd’hui la série TV est composée de 2 saisons (Saison 1 arc 1 et Saison 1 arc 2 en bluray/dvd chez @Anime, puis Saison 2) pour un total de 37 épisodes (et un récapitulatif) mais aussi 5 OAV et 2 films (regroupant la série TV, en bluray/dvd chez @Anime).
La saison 3 (ou la saison 2 arc 2 ?) a été annoncée il y a peu pour une sortie prévue en 2018. Aux manettes, Tetsurō Araki tient la réalisation de la première saison (25 épisodes). On lui doit l’adaptation de Death Note par exemple. Il est remplacé par Hiroyuki Sawano pour la seconde saison (12 épisodes) qui œuvrait déjà parmi le staff de la première saison. Et à la musique, le compositeur Hiroyuki Sawano est à la baguette mais j’y reviendrai plus tard.
Chez nous dans le pays du bœuf Bourguignon, la série est en streaming et téléchargement légal chez Wakanim.tv donc en Vost, chez Netflix aussi, et la première saison a eu l’honneur d’une diffusion sur France 4 en version française et originale sous-titrée en 2014.
Les adaptations diverses et variées, rançon du succès
Évidemment, le succès est là, la série fait son trou, le manga se vend, et des spin off voient le jour en manga, sous la plume de nouveaux auteurs, des adaptations de romans, des jeux video atterrissent dans nos consoles et nos portables, une pièce de théâtre sort de terre, des spectacles planétarium en profitent pour faire des entrées, une série parodique fait vibrer les zygomatiques, une adaptation live au Japon illumine les salles obscures, et même Hollywood (non pas le chewing-gum) s’y intéresse de près ! On parle du producteur des Animaux Fantastiques (Harry Potter se faisant becqueter pas un Titan, j’en rêve… Oui je sais, Harry Potter n’est pas dans les Animaux Fantastiques… Ne me tombez pas dessus les fans de HP, ici on parle sang et démembrements, pas d’une cicatrice au front *troooll* niénié ).
Ça raconte quoi ?
Genre
L’Attaque des Titans, c’est un shonen qui tend vers le seinen. Les fleurs bleues et les cœurs d’artichaut n’ont pas trop leur place dans le monde décrit dans cette œuvre. Celle ci pourrait être catégorisée dans les genres fantastique, action, horreur, action, drame, action, tragique, action, oh mon dieu il est où Jean-Marc ? , action, c’est pas un doigt à Jean-Marc qui vole là ? … Bref, c’est clairement pour un public averti et pas pour Midi les zouzous ou le public de Gulli (quoique, faudrait leur apprendre un peu plus la vie à ces mioches, c’est pas en regardant le singe Miguel des as de la jungle *private dédicace* qu’ils vont apprendre à se défendre le jour où un Titan viendra bouffer leur mère… Enfin je dis ça… )
Contexte
L’histoire raconte le merveilleux destin de la vie de Jean-Marc d’Eren. Eren est un jeune garçon, un stéréotype du héros de shonen, le merdeux, un peu con con buté, un peu beaucoup grande gueule, courageux voir téméraire, qui hurle, mais si c’est le héros vous déduisez logiquement qu’il aura un destin particulier. Vous savez c’est le genre de personnage où on se dit « Mais est-ce que le héros va y arriver, il a l’air si nul ??! »… Toi au fond qui lit, avoue que tu le sais qu’il va y arriver, seulement t’aime ça attendre le moment où tu vas faire « Wouaaahhh !! Il – est – trop – balèze ! « . Rhalala on est tous les mêmes.
Bref, Eren il vit dans un contexte dystopique qui est la force de l’œuvre: l’humanité est depuis un siècle décimée et toujours sous la menace des Titans, humanoïdes de 10m qui aiment faire des cures dents avec les fémurs des petits humains. Pourquoi, comment, on en sait rien, et personne ne le sait. D’où viennent ils Mystèèèère. Ils ne viennent pas de la cuisse de Jupiter tout de même ??! (si ça tombe j’ai spoilé la fin sans vouloir ). Et comme les titans ne parlent pas et n’expriment rien, avec seulement comme volonté cette envie de manger, on ne va pas en apprendre beaucoup de leur côté.
Du coup on se focalise sur les humains essentiellement. Le truc c’est que pour ne plus se faire bouffer, l’humanité doit vivre dans une cité entourée de murs gigantesques eux aussi, qui permettent de garder à l’écart les Titans. Pas bêtes ! Sauf que Eren lui il aimerait bien voir ce qu’il se passe de l’autre côté de ces murailles de 50m. Il a le goût de l’aventure et du suicide le petiot !! Sa chance, c’est de s’engager et d’intégrer les éclaireurs, un groupe armé entrainé parmi d’autres forces militaires, qui sont les seuls à être autorisé à sortir de la ville fortifiée pour chercher des informations sur les titans, et connaitre de nouveaux points faibles qui pourraient faire basculer cette guerre de position enfin à leur avantage.
Oui, le mot est lancé (c’est le mot guerre, arrête de chercher, sois pas débile…). C’est l’histoire d’une guerre, avec ce que cela implique : du sang, des larmes, des sacrifices, des actes héroïques, de l’espoir et du désespoir, beaucoup de nettoyage à l’eau de javel et de peinture à refaire. Une guerre qui va accueillir un nouveau soldat, Eren, qui voudra apporter sa contribution dans cette bataille semblant pourtant perdue d’avance, et qui sortira peut-être du lot en offrant de nouvelles perspectives au conflit.
Comme beaucoup d’histoire divertissante narrant le récit d’une guerre, on s’attardera dans la série sur les compagnons d’armes, les supérieurs ombrageux, et ceux qui ont la classe en toutes circonstances. Et comme une bonne pâte à pizza, le mystère va prendre forme et s’épaissir. (j’ai faim moi, je sais pas pourquoi…).
Oui car… l’événement qui va rompre cette guerre que j’ai étiqueté « de position », et qui va choquer tout le monde, même toi sur ton fauteuil alors que ça ne fait pas 15 min que tu découvres l’univers, c’est qu’un titan apparait au dessus du mur, et qu’une brèche s’ouvre dans la fortification de la cité. Premier trauma pour Eren ! Houlala ça commence, accroche toi à ton slip.
C’est bien alors ?
J’ai regardé la série tv d’une traite quasiment, et sans connaitre le manga. Puceau que j’étais. Au début, j’ai été rebuté. Je sortais de la série Erased qui se passe dans un monde tout à fait réaliste et avec des attitudes posées, authentiques. Le côté too much de l’Attaque des Titans m’a sauté à la face très vite dès les premières réactions des protagonistes (sans parler de l’opening, que je n’aime pas, en mode « on va en faire des caisses » beurk). Puis le climax d’entrée de jeu arrive, tu regardes le 2ème épisodes, et le désespoir te gagne.
Voyez-vous, les titans ne sont pas… beaux. Pas dans la réalisation, non, ils sont juste bizarres, et on ressent ce malaise. Leurs regards, leurs gestes, enfantins, voir ridicules presque sont déstabilisants. Ils sont nus en plus, ça n’aide pas. Du coup ça marche. On ne veut plus les voir ces horreurs. On comprend les humains qui fuient, et on supporte ceux qui se battent. On sent la difficulté de la tache et on suit avec tension les combats virevoltants.
Et ça virevolte! Car pour se débarrasser de titans, ils faut les atteindre au seul point faible connu: la nuque. Pour ce faire, les soldats ont un système de grappin qui les aide à s’approcher de leur cible, à la manière d’un Spiderman en gros. Les câbles traversent l’écran, le sang gicle, les épées tournoient, c’est assez épique. Et les femmes sont fortes, ça fait plaisir (et je pense notamment à Mikasa aka miss badass ! Elle me rappelle Gally dans Gunnm).
Les soldats tombent, fatalement. Et c’est plutôt bien fait car on se doute qu’en pleine bataille on n’ait pas le temps de s’apitoyer, sauf lorsqu’on prend conscience l’espace d’un instant de celui qu’on ne reverra plus et de notre condition si fragile. Et c’est lorsque cela s’apaise qu’on prend la mesure de l’ampleur des pertes. La série fait le job à ce niveau là. Les chocs psychologiques, les yeux dans le vague, et la peur des personnages sont bien retranscrit. Les relations entre personnages existent. Il y a des moments de calmes bienvenus. Et les révélations font leurs petits effets et nous tiennent en haleine.
La réalisation est bonne (à part ces contours qui semblent gêner quelques uns, moi ça passe). Le chara-design présente plusieurs ethnies, et les décors nous sortent du Japon, avec ces bâtisses typées à l’occidentale, même si les personnages ne s’y intègrent pas toujours très bien, la faute à l’utilisation de CGI (Computer Generated Imagery, images de synthèse quoi) qui aide certes à l’animation mais donne un rendu un peu trop superficiel.
Mention spéciale à la musique (je l’avais dit que j’allais y revenir ! ). Elle aide à s’immerger clairement. Un gros atout pour la série. Je pense que Pastèque fera un coup de cœur particulier sur l’OST de l’anime, car même si c’est un produit parfaitement marketé, ça fonctionne avec et grâce à la musique. Violons, chants, chœurs, percutions, piano, sons déstructurés… Faites un footing avec la soundtrack dans les oreilles, et vous vous étonnerez de grimper aux arbres et de viser la nuque de la mémé qui va à la poste !! Cette haine que vous aurez lorsque vous la verrez piétiner des fourmis… Grrr
Bref, tout cela marche plutôt bien, la série nous happe, même si…
Encore ce « même si »… C’est pas si titanesque ?
Non. J’ai vraiment bien aimé la série, jusque là, mais rien n’est parfait en ce bas monde. Bah cette série non plus.
L’action… je la trouve très chouette (j’oserai un petit « répétitif » tout de même), mais au détriment des moments plus calmes qui sont plus rébarbatifs et moins denses. Des blablas pas très riches où les informations importantes s’inséreront plus tard, un peu n’importe comment. Cela éclipse peut-être un peu trop ce que pourrait apporter l’univers: en effet ce contexte permet de voir la population en temps de guerre. Que je vous explique. La cité est divisée en trois parties.
Trois zones qui sont entourées de ces fameux murs. Plus vous êtes au centre de l’enceinte, plus vous êtes protégé. Et oui, pour qu’un Titans puisse vous atteindre il lui faut traverser 3 murs.
On y trouve forcément en ce centre les hauts représentants, les puissants et les planqués. Tout ça vivant dans l’opulence et une certaine ignorance du danger qui plane sur l’humanité.
A contrario, on trouve par opposition, à la périphérie de la cité, les plus pauvres, ceux qui sont aussi en première ligne en cas d’attaque, car un seul mur les protège. C’est de cette zone que commence l’histoire. Et il y a un ghetto sous-terrain, une zone de non droit.
Le récit nous présente en quelque sorte un exode du peuple des régions périphériques vers celles plus au centre, avec les conflits et les problèmes que cela entrainent (la nourriture entre autre). Même si c’est abordé, j’aurai aimé que les relations entre classes sociales soient plus développées, et qu’on sente davantage les inquiétudes du peuple en période de conflit, vis à vis de leur dirigeants entre autres (à voir ce qu’apportent les OAV/spin off et les différences avec le manga). Je pense que cette sensation vient du fait que l’anime se concentre sur une intrigue alors que le manga semble en croiser plusieurs. Se focaliser sur les soldats d’accord, mais voir le peuple et les dirigeants plus présents aurait pu enrichir l’ensemble et rendre cette cité plus vivante et moins en toile de fond.
C’est une série sérieuse (très peu d’humour), mais raconté aux ados (action, sang, morts, wouaiii ! WTF ! etc.) au travers du héros déterminé, du copain intello mais pas sur de lui, de l’amie d’enfance hyper protectrice, de la fofolle rigolote, du champion taciturne, du leader charismatique etc. Attachant mais pas bien original. Un shonen classique quoi.
Pareil pour les liens tissés entre les personnages que l’on suit. La série regorge de personnages, mais je n’ai pas eu l’impression de m’attacher à certain personnages autant que j’aurai du. Pourquoi ? Bah parce qu’ils ont dans cette série une espérance de vie très courte ! Du coup à la mort de certains d’entre eux, je n’ai rien ressenti. « C’était qui déjà ? »… J’ai souvent eu l’impression d’apprendre les relations entre personnages lors d’événements sur le champs de bataille. Et on revient sur ce que je reprochais à l’action, celle-ci est tellement le centre de cette série qu’elle absorbe les moments importants qui auraient pu être exploités durant les moments plus posés, et cela amène à des flashbacks pour rappeler et intégrer des éléments au chausse pied. L’équilibre de la narration s’en ressent, et le rythme aussi.
Car niveau rythme, on peut avoir des moments de lenteur avant une bataille, puis celle ci terminée ça repart de plus belle de l’autre côté pour plusieurs épisodes d’action. Entendons nous bien, j’ai apprécié ce que nous vendait la série, mais c’est pas en mettant trois tonnes de chantilly que je vais apprécier la cerise sur mon gâteau. J’aurai voulu apprécier la cerise pour ce qu’elle est. (j’ai vraiment faim !!)
Aussi, les révélations… Ou plutôt ce qu’on veut nous faire passer pour des révélations… qui ne sont en fait que des évidences… Vous savez, du style où il n’y a bien que les personnages qui soient étonnés, pas le spectateur… Franchement, pour défoncer des portes ouvertes parfois les nippons ils y vont la tête la première (et je pense aussi à Erased et son Némésis). Je ne peux pas en dire plus sans spoiler. J’ai fait un dessin là dessus, ces moments où on va fermer les yeux sur une évidence:
Autre chose, une autre question de rythme : la parution des épisodes. Évidemment en regardant tout en une session, je me suis épargné ce défaut. Mais comment tuer la hype si ce n’est attendre 4 ans entre la saison 1 et la saison 2 J’admire la patience des fans. Certes, la qualité est plutôt homogène durant l’ensemble des épisodes. C’était une volonté de la prod. Mais une attente si longue, pour une saison plus courte…
On peut se poser la question de savoir jusqu’où la production arrivera à aller, jusqu’où elle va étaler la série au profit du marketing, et si la série ne va pas finir en nœud de poisson (ou en queue de boudin, c’est selon).
A ce propos, l’auteur lui même semble vouloir changer le final qu’il avait prévu pour ne pas trop heurter les fans… La subtile bifurcation d’une œuvre qui devient une commande. (Coucou Toriyama senseï ! )
Bizarrement, j’ai à l’esprit une série comme FullMetal Alchemist Brotherhood. Elle fait 64 épisodes, et j’ai tellement l’impression d’une richesse bien supérieure en terme d’intrigue mystérieuse, de relations, d’équilibre etc, que j’ai ce petit « dommage » qui germe dans ma tête en pensant à l’Attaque des Titans, un peu trop « rentre dedans » par rapport à l’engouement qui me laissait susciter une aventure plus riche. Et malheureusement, j’ai cru apercevoir que le récit ne semble pas faire que des heureux chez ceux qui suivent l’avancé du manga… Rassurez moi.
Bilan
Quoiqu’il en soit, et même si je trouve la série trop sur-estimée, je vous conseille l’Attaque des Titans si vous aimez l’action gore avec des musiques bien épiques et des rebondissements à tiroirs qui ne répondent pas souvent à grand chose mais qui poussent davantage au questionnement. Ça fonctionne! Cela reste classique, mais pour celui qui cherche un bon divertissement, ça fonctionne. La saison 3 devrait arriver plus rapidement, et le scénario va peut-être nous offrir de vrais révélations et nous ouvrir d’autres perspectives sans que cela ne dure 15 saisons ou que la fin ne soit tirée par les cheveux en nous laissant avec un « tout ça pour ça » décevant. Du moins je l’espère. Croisons du bois ! (ou touchons les doigts, c’est selon).
Et puis quoi… Jean-Marc du 3ème bataillon, c’est pas de sa faute si son câble s’est pris dans la corde à linge de tata Germaine… Il ne sera pas mort pour rien… Enfin si, mais on a kiffé le voir gicler alors pas de quoi soulever une montagne… ou (spoiler inside) un gros caillou hum…
Une note ? Do.