Allez hop, on repart dans les méandres du fonctionnement des personnes hautement sensibles. Mettez vos ceintures, c’est un peu plus corsé, la route qui mène à la compréhension est sinueuse.

Après une partie 1 décrivant globalement le sujet, et une partie 2 détaillant un peu plus l’apriorisme des uns et des autres et les valeurs d’un HPE, nous allons dans cette partie 3 continuer à expliquer le fonctionnement d’un Haut Potentiel Émotionnel, à travers ses caractéristiques, et les conséquences que cela peut entraîner. Penchons nous sur les sens du HPE et des répercussions en société.

Des sens sur-stimulés

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On l’a dit, le HPE voit en grand. Mais pourquoi ? En plus de ses valeurs, c’est aussi à cause/grâce à son hyperesthésie.

 

L’hypersensibilité c’est aussi avoir des sens plus sensibles aux détails et aux intensités, que ce soit au niveau corporel externe (le chaud, le froid, les déplacements d’air, la luminosité, le son, etc) que interne (brûlure d’estomac, palpitations, air des poumons, etc). Il perçoit de façon plus aiguisée et évidente. On l’a vu dans la partie 1, cela vient de son cerveau.

 

Il m’est arrivé de penser, et de dire, que dans certaines circonstances les autres avaient l’air d’avoir des œillères. De m’agacer même (révolte !) en apercevant que j’étais seul à voir ce qui me crevait les yeux. « On se fiche de moi ? » pensais-je. Mon erreur était de ne pas avoir compris que c’était moi qui était en écran large.

 

Je perçois la tache subtile, le décalage de son/image aussi minime soit-il, un vrombissement curieux dans un appareil, un produit rance, une fausse note, un fil qui dépasse, etc.

 

Percevoir les détails et ressentir plus fort a des bons et des mauvais côtés. Alors certes, cela rend perfectionniste, et c’est bien, ça a fait de moi un bon cuisinier, un bon homme de ménage, un bon réparateur, certainement un bon jardinier et j’en passe, mais il n’y a rien d’enviable lorsqu’on se sent agresser par une musique trop forte, lorsqu’on est éblouie à en pleurer par une luminosité trop vive (je me souviens m’être arrêté au milieu d’une place les yeux en pleure tellement je ne voyais plus rien à cause du Soleil), ou lorsqu’on passe pour un maniaque ou un pointilleux. Aimeriez-vous sentir plus fort les odeurs de pieds, de transpiration, un parfum trop fort, un goût de cramé ?… Non hein ? Vous avez raison, ça peut devenir un supplice. 

 

Alors si on se sent en confiance dans un cadre bienveillant, parfois, on ose le dire. Au risque de passer pour quelqu’un d’inconvenant de pointer du doigt ce qui n’est perçu que par soi même…

 

Perso aujourd’hui j’essaye de ne plus rien dire et de compenser en prenant la mesure de mon appréciation intense et merveilleuse de l’odeur d’herbe fraîchement coupé ou de celle de l’air en temps de pluie, des ondulations des champs sous le tempo du vent, de la merveilleuse architecture d’une toile d’araignée, ou encore des subtilités du ciel, des étoiles, et des reflets dans l’eau. Un hypersensible est en harmonie avec la nature. Une balade en forêt vaut un parc d’attraction.

 

Cette particularité est une malédiction, et parfois aussi une bénédiction. Une étiquette de vêtement peut agacer au plus haut point. Mais une caresse peut déconnecter de tout. Un HPE est enclin à s’émerveiller et à s’émouvoir. Des moments souvent peu partagés malheureusement.

Sans filtre

Un hypersensible est aussi prédisposé à s’agacer et à déprimer impacté qu’il est par les sensations extérieures. Des réactions souvent critiqués.

 

L’hypersensible manque de capacité pour faire abstraction de ce surplus permanent. Cela viendrait d’un déficit de l’inhibition latente: chez la majorité des gens, en présence de nombreuses informations sensorielles parasites, le cerveau fait naturellement taire ce qui n’est pas essentiel pour rester concentré sur ce qui l’est.

 

Ce qui n’est pas le cas pour le cerveau du HPE. Par conséquent, sans cette barrière naturelle, celui-ci se retrouve perturbé par les stimuli qui résonnent. Il doit alors faire preuve d’un effort mental volontaire pour se focaliser sur ce qui est pertinent, et ne pas être distrait/pour ne pas décrocher.

 

Difficile de rester concentré sur une conversation dans un environnement bruyant par exemple. Mon expérience dans les centres administratifs est un calvaire (je ne suis pas le seul je crois ). Je n’arrive pas à suivre, je n’arrive pas à enregistrer sans me préparer mentalement comme un sportif lors d’une compétition. C’est pourquoi j’ai énormément d’appréhension à y aller. Je ne suis pas idiot (pas trop ) mais je décroche 100 fois à cause du brouhaha ambiant (en plus du stress), au point de me rendre compte que je n’écoute plus. Alors je panique car ce sont des informations importantes que je loupe (« On m’a dit quoi là ?! » ). Du coup ça se voit que je ne suis plus, je perçois qu’on me juge, je culpabilise, et je sors complètement démonté.

 

Les réunions de groupe me fatiguent terriblement aussi pour les mêmes raisons.

 

Il m’est arrivé aussi de ne pouvoir dormir ou même regarder la télé à cause d’un bourdonnement de la ventilation alors que cela ne semblait pas déranger outre mesure chez d’autres. Ou encore une vibration dans le réfrigérateur qui m’a valu des « Bah non j’entends rien, tu cherches la petite bête encore… » ou un « Ah oui » complètement détaché. 

 

Dans ce genre de situation, pour essayer de suivre un dialogue je dois non seulement faire un effort de concentration, mais il faut en plus faire abstraction des nuisances qui toquent à la porte de mon attention avec leur « Coucou, je suis le bruit mystère ! Tu t’occupes de moi s’il te plait ?… ».  Et cela en restant stoïque, sans déranger l’assistance à tout mettre en pause pour faire cesser cet agacement… Si vous êtes déjà fatigué, que nerveusement vous êtes déjà à fleur de peau, c’est encore pire et on n’est pas loin de l’explosion.

 

Je ne compte plus les fois où j’ai du faire belle figure en société pour que personne ne puisse entrevoir mon moi intérieur se désagréger. Pourtant il y a des signes (transpiration, jambes tremblotantes, rougissement, autodérision proche de l’autoflagellation, etc.).

La réponse à la crise de nerfs

Sans cette inhibition fonctionnelle, ces stimuli sensoriels pénibles agressent nerveusement, fatiguent et irritent. J’aime dire que là où la personne lambda reçoit une boule de papier, moi je reçois une fléchette.

Dans ces moments, l’hypersensible adopte souvent des attitudes étranges pour se prémunir. Par exemple, sans vraiment avoir compris mon état de fatigue nerveuse, naturellement et inconsciemment ( ) il m’est arrivé pendant un temps de passer mes journées à porter des boules Quies pour retrouver un peu de calme (pour en fait ne plus être sous tension permanente dans un appartement mal insonorisé, étouffant de chaleur, vibrant au bord d’une route très usitées aussi bien par les voitures à remorques, que les motos, les bus, les camions et les tracteurs, et au dessus d’une boutique d’informatique/téléphonie où j’entendais jusqu’au smartphone qui vibrait…).

 

Il m’est arrivé même de fuir carrément ou d’éviter les environnements « à risque ». Une fois je me suis retrouvé seul perdu dans Paris toute une soirée, sous la pluie, parce que j’ai du quitter un environnement qui m’étouffait intérieurement (après avoir passé plus de 2 heures à une avant première ciné dans une salle comble et agitée…). Et impossible pour moi d’y retourner ensuite. Bah oui… Voudriez-vous retourner dans un manège qui vous donne la nausée ? Comme je ne savais pas ce qui m’arrivait vraiment, je me suis senti très nul, très seul, incompris car je pense être passé pour un cinglé qui ne voulait pas se mélanger. Sauf que j’étais en souffrance, rien de plus. Rien à voir avec les gens personnellement. C’est seulement après avoir compris mon fonctionnement que j’ai pu mettre une explication à ma réaction, et à toutes les autres, car ce genre de mise à l’écart est récurrente (enterrements, mariages, anniversaires, etc).

 

J’ai paniqué une fois dans le métro parisien car j’ai perdu la personne que je suivais, le regard sur mes chaussures… En apnée pendant 20min. Bruits + gens + stress + peur de décevoir = nitroglycérine. 

Moralité : on ne tient en apnée que jusqu’à ce qu’on se sente obligé de sortir sa tête de l’eau. Tout est une question ensuite de la capacité de vos réserves. Je fais les efforts, mais ça ne peut pas durer trop longtemps sans prendre des moments pour recharger ma bouteille d’oxygène toute riquiqui et sur le point de me lâcher.

 

Inconsciemment (mais conscient de se sentir « anormal »), je fuyais donc en fait les environnements bruyants qui me fatiguaient nerveusement. Il en était de même avec les voisins qui pour moi sont un cauchemar; chaque bruit de l’autre côté du mur (parfois même plusieurs appartements plus loin) a le droit à sa petite analyse dans ma caboche. Surtout que l’hypersensible perçoit mieux les graves. Alors les basses de la musique d’à côté, non merci.

 

Ma devise: Ni Dieu, Ni maître, Ni voisin. 

 

L’hyperesthésie va alors pousser l’hypersensible a toujours rester sur le qui vive. Cette manière d’être attentif à tout lui permet de mieux gérer son environnement en détectant plus rapidement les changements : il anticipe, prend du recul, analyse, mémorise tout pour se protéger de la gêne du bruit, des odeurs, de la lumière, du trop grand monde, de l’humidité, etc. Ses sens sont en alerte et c’est aussi cette vigilance qui constitue une des raisons de son comportement craintif. Il sursaute d’ailleurs facilement.

Un D6 pour choisir

Le HPE est par répercussion une personne souvent dans l’indécision permanente. Déjà à cause de son décalage avec les autres qui lui fait dire qu’il n’est pas dans le vrai, mais aussi à cause de sa perpétuelle recherche de ce qui est important, de ce qui est préférable et/ou pertinent. Faire un choix revient habituellement pour lui à réfléchir sur les tenants et les aboutissants. Alors forcément la décision tarde et trancher devient difficile… voir même ridicule… surtout, par exemple, si cela concerne le choix d’un banal parfum de glace…

 

« Cassis, ou fruit de la passion… ? La dernière fois j’ai pris fraise, donc pas cette fois-ci, même si j’aime bien… Menthe alors ? Fait chaud en plus, la menthe ça rafraîchit ! C’est idiot, une glace ça rafraîchit… Supplément chantilly ? J’ai grossi, mais en même temps je transpire pas mal là… » 

 

Perso je ne le fais pas exprès, si je ne suis pas sur de mon choix un minimum, j’apprécie qu’à moitié en ruminant sur les autres alternatives, et comme je veux apprécier à mooort ma glace… je suis long à la choisir ! CQFD ! hihi Et c’est très dur de s’en remettre au hasard (d’où le sous-titre… un dé à 6 faces… un D6… « indécis »… mouais ok).

 

D’ailleurs il m’est arrivé de perdre patience parce que je n’arrivais pas à me décider. Du coup je m’agaçais, j’agaçais, et rien n’avançait. Et quand je me décidais, il y a toujours ce moment suspendu où je me demande si j’ai bien fait. Aussi, lorsque je demande l’avis d’un proche, quelque soit le sujet, c’est pour m’aider à trancher, ou à me recentrer, pas pour influencer le choix des autres ni de les dégoûter du parfum chocolat (très bon au demeurant).

 

Tout cela ne fait pas rêver n’est ce pas ? Mais en sachant tout cela, on apprend peu à peu à « perfectionner » ses réactions pour ne plus paraître pour un zinzin.

Sa complexité et son instinct

L’enfant et le moine (…?!?)

L’hypersensible ne dysfonctionne pas, il est différent. Sa singularité est complexe, mais logique au vu de ses particularités. Ce qui peut paraître évident pour « tout le monde » peut ne pas l’être pour lui. Et réciproquement. D’où l’importance de se comprendre et de faire comprendre (c’est le but aussi de ces articles ).

 

De par ses indécisions, le HPE se remet sans cesse en question. Le point positif c’est qu’à force il sait jouer de l’autodérision. Et puisqu’il appréhende le monde différemment, il saisi bien l’absurde et le décalé. Le HPE a alors une grande joie en lui. Une joie enfantine quasi indestructible qui ne demande qu’à s’exprimer. C’est un gosse. Sa joie peut atteindre des sommets d’inspiration, de créativité et d’imagination. Il aime s’amuser. C’est un bon imitateur et improvisateur de par ses facultés à analyser le détail. Même si son humour peut parfois paraître particulier et très personnel, car ce qui provient de son univers n’est pas toujours facile à partager, à moins d’être avec des personnes avec qui il se sent en confiance.

 

Le HPE a un monde a lui qu’il extériorise donc au mieux au compte-gouttes, au pire pas du tout. Il a une vie intérieure intense qu’il cache bien souvent au nom de la bienséance, pour ne pas attirer la lumière sur lui, peur qu’il a de décevoir, et du coup d’être déçu de lui même. Enfermé dans sa bulle, il est sujet à beaucoup de moments dépressifs.

Hors cette vie intérieure intense est une richesse. Elle permet d’être plus facilement en relation avec ce qu’on est réellement. A certains moments c’est ennuyeux, mais dans d’autres, si on écoute bien nos émotions on ne se dupe pas, et on suit son cœur plus facilement. On peut y voir une forme de spiritualité.

Le psychologue

L’hypersensible n’est pas supérieur, ni inférieur aux autres. Il ne veut pas être prétentieux, ni donneur de leçons (malgré un côté paternaliste il est vrai). Il est tout l’inverse, humble. Voir trop. Sauf que ça pulse sous la cafetière. Ne lui reprochez pas de chercher à partager et à savoir, quitte à être envahissant par moment. Il ne rentre pas dans les têtes pour manipuler… Il n’a d’ailleurs pas un ego très développé comme peuvent l’avoir les cerveaux gauchers. Il en est même en déficit.

 

A ce propos, si je vous dis que j’avais été invité à un festival pour lequel j’avais fait l’affiche mais que j’ai trouvé toutes les raisons de ne pas y aller par crainte d’être sollicité et de ne pas être à la hauteur… On peut pas dire que j’agis pour flatter mon égo. Perso, je m’aide entre autres de ce site et des réseaux sociaux pour travailler un peu mon amour propre. (ouais j’ose montrer ce que je fais wouuuh)

 

Quand on lui parle le HPE est sensible au ton, aux mots, aux expressions faciales et à la gestuelle. Il capte ainsi plus d’informations que ce qu’on semble lui envoyer. Il sent la gêne, la fausseté, le mensonge, même s’il ne sait pas toujours décrypter ce qu’il ressent instinctivement… ou qu’il préfère refouler (et se perdre) et ne pas admettre ce qu’il pense avoir compris (comme lorsqu’on lui raconte des bobards ou qu’on lui répond à côté mais qu’il fait suffisamment confiance pour l’amener à croire que c’est lui qui exagère… #privatecrottedenez).

 

On peut dire que son hyperesthésie concerne aussi le sixième sens. Son instinct est un atout que l’hypersensible doit savoir écouter. Ça s’apprend aussi.

 

C’est grâce à ces facultés que l’hypersensible dispose d’une empathie naturelle. Très bon confident, patient et compréhensif, il est passionné et sensible au changement, il comprend d’instinct et devine à demi-mot. En allant chercher plus loin ce qu’on peut lire en apparence, il va s’imprégner des émotions de l’autre pour visualiser sous plusieurs angles différents les problèmes d’autrui. Ainsi il va savoir réconforter en apportant les mots suffisamment impactants pour faire naître chez l’autre d’autres manières de voir les choses, de l’espoir, ou bien des idées plus philosophiques. Les hypersensibles font de bons coachs et de bons psys.

 

Soucieux du détails et des autres, un HPE est très mûre avant l’heure. C’est ce qui fait qu’il se démarque de son groupe d’âge et aime souvent dialoguer avec des personnes plus âgées. Pour l’anecdote ma maman m’a dit qu’à 4 ans j’arrivais à la surprendre en la réconfortant de ses soucis avec mes mots, mes conseils et ma compréhension du haut de ma petite expérience. Là où les adultes ne le faisaient pas.

 

Cette sensibilité peut être reconnue dès l’enfance et s’épanouir ensuite, ou bien se bloquer. Et elle évolue.

 

Et puis cette empathie peut aider à faire des rencontres plus denses si il se donne les moyens de passer outre ses peurs de décevoir. C’est parfois plus facile alors de discuter avec des inconnus, puisque moins de pression, puisque relation moins importante sans répercussion ni lendemain.

 

J’ai trouvé intéressant de parler à un témoin de Jéhovah pendant 45 minutes pour confronter les points de vue, ou à une mamie sur un banc pour partager un peu de sa vie, de se familiariser avec un original, ou de porter de l’attention à une femme un peu perchée qui vous demande un service (bah oui, je l’ai béni en pleine rue… et elle était ravie ), ou d’essayer d’aider une amie en pleure, d’insuffler du courage à une autre qui doute, ou de désamorcer un instant de colère…

 

Le HPE lui ne rencontre pas souvent de personnes cherchant à percer ses mystères, de là vient son sentiment de se faire un peu avoir, d’en donner plus qu’on lui en donne. Et puis s’impliquer émotionnellement c’est aussi le risque de prendre un peu des émotions des autres et de parfois souffrir avec eux, voir même à leur place.

 

C’est la difficile nuance du passage entre :

• l’empathie (« ce qu’on éprouve dedans » – la compréhension)
• et la sympathie (« ce qu’on éprouve avec autrui » – la communion).

Et l’hypersensible plonge parfois trop souvent vers le côté sympathie, source de partage et d’esprit d’équipe, quitte à s’oublier pour le bien de l’autre. Un danger si les intentions en face ne sont pas honnêtes (hypocrisie, manipulation).

 

Attention aussi à la compassion (« souffrir avec autrui ») qui pousse au partage de la souffrance et qui peut amener d’autres problèmes (dépendance, abus) surtout chez un haut potentiel émotionnel.

 

Il serait bon pour lui de se détacher un peu des émotions des autres, d’adopter une posture neutre, pour rester lui même et de se focaliser simplement sur la compréhension.

Le médium

L’autre revers de cet instinct c’est lorsqu’il semble révéler le potentiel des gens.

 

Lorsque cela lui arrive, il fait déjà l’erreur de ne pas considérer la personne simplement tel qu’elle est au moment présent.

 

L’autre problème c’est qu’en face, la personne n’est pas consciente de ce supposé potentiel et donc n’y croit pas forcément. En lui dressant un portrait flatteur, elle se trouve en décalage. De là peut naître une méfiance à se retrouver devant ce scanner humain. « C’est suspect ».

 

Une personne m’a reproché un jour de vouloir qu’elle soit quelqu’un d’autre, avant de placarder un autre jour qu’elle se mentait à elle même…

 

Cette faculté de « lire » les gens est en partie responsable de son agoraphobie. Le trop grand nombre de personnes le perturbe car il est envahi émotionnellement. C’est parfois violent. Il sent les regards, les intentions, les jugements.

 

Moi je n’arrive pas vraiment à être serein sur une plage bondée, ou dans un train par exemple. Impossible de me détendre sans laisser mon cerveau commencer sa looongue analyse fatigante. Jusqu’à aller au blocage pur et simple, comme dans un grand repas de famille.

 

Avec son acuité sensitive, les souvenirs du HPE sont plus précis, plus vifs, remplis de détails. Il se projette dans l’avenir par soucis de contrôle, mais il fait aussi des bons dans le passé. Se recentrer et s’ancrer au présent est compliqué. Un rêveur vous disais-je.

 

La réalité est alors perçu différemment. Ses souvenirs sont accompagnés des perceptions détaillées de l’époque. Il a donc une mémoire plus grande sur ce qu’il a vécu du fait de ses marqueurs émotionnels supplémentaires. Que ce soit pour de beaux moments, ou pour de plus tristes (ce qui n’aide pas pour aller plus facilement de l’avant).

 

Et pour le coup c’est vraiment un rêveur car même endormi, son cerveau mouline; ses rêves chargés d’émotions sont réalistes (il m’arrive souvent de pleurer ou d’être pris de palpitations en me réveillant).

 

Se reposant alors mal, le HPE entre dans un cercle vicieux. Il manque de sommeil souvent, la fatigue amène l’irritabilité, et ça n’arrange rien à sa faiblesse: l’épuisement nerveux. D’où l’importance d’adopter une bonne hygiène de vie (c’est valable pour tous, encore plus pour un hypersensible).

Pro de l’entreprise de tête

Un perfectionniste diesel

Ses perceptions détaillées expliquent le niveau d’exigence souvent plus grand de l’hypersensible, et par extension ses difficultés à valider ses réussites.

 

On l’a vu, le HPE voit les choses en grand. L’importance du moindre détail vient de son hyperesthésie, mais aussi de sa volonté de garder le contrôle sans rien laisser au hasard.

 

À travers son besoin de maîtrise illusoire, son perfectionnisme va le rendre en permanence insatisfait ; car à toujours vouloir fignoler pour atteindre le nirvana, il perd un temps fou et finit par rester logiquement et trop souvent sur un constat d’échec. C’est la conséquence de ne jamais arriver véritablement à choisir ou à clore définitivement ce qu’il fait. Il ne parviendra jamais vraiment à contempler l’ampleur de ses succès dans ces circonstances et son estime ne sera pas nourrit.

 

De plus, plongé dans ses rêves, il se projette aisément à en oublier le présent. Il sait programmer l’avenir mais même si le cap est prometteur, la route pour y parvenir lui est complètement nébuleuse.

 

« Par où commencer, à droite, à gauche, tout droit ? Qui me dit que c’est mieux à droite, c’est peut-être une impasse… Mais à gauche aussi ? Et tout droit n’est pas forcément évident… Et personne pour me donner la direction… » Indécis vous disais-je. D’où l’amour qu’il a d’être en binôme, le travail d’équipe aidant. 

 

C’est le problème d’être trop dans sa tête, d’être un surchauffé du bulbe. On finit par être un pro de la procrastination. Il ne sait jamais s’arrêter de penser pour se mettre à l’action, centré sur ses émotions, doutant de tout et se dénigrant constamment en se comparant aux autres. Il lui manque cette prise de risque spontanée qui pourrait lui ouvrir plus d’opportunités. C’est là qu’il devrait davantage écouter son instinct. Mais à la place, il empile les projets sauf qu’en en menant plusieurs à la fois, on les finalise difficilement, surtout avec de tels désagréments.

 

Le cadre du cadre

Dans le monde du travail, il a besoin d’un environnement bienveillant et positif. Dans l’idéal tout le monde aimerait travailler dans un cadre encourageant et valorisant. C’est encore plus vitale pour le HPE. Les brouhaha permanents, les messes basses, les mondanités ou autres comportements malsains de déstabilisation vont littéralement bloquer le HPE. Beaucoup de personnes savent prendre sur eux pour encaisser les injonctions ou encore jouer des coudes. Pas un hypersensible qui va travailler la trouille au ventre, restant prostré pour éviter d’exploser si l’ambiance est acerbe. Toujours cette peur de déplaire qui le bouffe, cette confiance au ras des pâquerettes, et ce défaut de croire que ce qu’on lui dit de négatif signifie qu’il n’est pas bon, et que le positif ne sera jamais suffisant.

 

Pourtant il a des atouts non négligeable: son intelligence instinctive et sa faculté à se projeter lui permettent par exemple de capter rapidement un problème ou un illogisme ce qui l’avantage pour mieux réagir, entrevoir les pièges et avoir des idées de ce qu’il pourrait être améliorer. Il réussit ce qu’il entreprend. S’il se sent investi, c’est un performeur, mais encore faut-il qu’il soit conscient de son fonctionnement pour savoir se cadrer. Il lui faut connaître les bonnes méthodes pour se préserver de ses décrochages et de ses peurs. Sans ça, le haut potentiel va fatalement galérer. Il a besoin de plus de temps pour s’acclimater en règle générale.

 

Un hypersensible n’est pas fait pour certains métiers. Il faut qu’il sache éviter les activités trop contraignantes émotionnellement. Le stress n’est pas son ami, du tout, à cause de son amygdale (du cerveau) sur-active. Lors d’événements intenses ou dans une situation inconfortable, son amygdale se met en action et fait augmenter le stress. Cela va jusqu’à déconnecter le cortex préfrontal siège du raisonnement, poussant l’individu à agir de façon parfois absurde et incongru avant de s’en rendre compte (comme fuir au loin… ^^). Des réactions mal reçues surtout dans un cadre professionnel.

 

Mais il peut s’orienter vers les métiers créatifs, ou les services à la personne. On a déjà dit que les hypersensibles faisaient souvent de bons coachs ou de bons psychologues. Masseur-kinésithérapeute, bibliothécaire, ou naturaliste sont aussi des métiers où ils seraient tout à fait à l’aise par exemple.

 

On conseille souvent à un haut potentiel de se tourner vers l’entrepreneuriat et d’éviter les activités en open space. Contrôle et tranquillité, pour se sentir en sécurité des stimuli = une bonne recette pour se concentrer et travailler sereinement.

Le rebelle de la pyramide

Vous le constatez, le HPE ne veut pas être embêtant, mais sa nature fait qu’il l’est un peu quand même. Pire : Si il y a bien un endroit où il ne faut pas faire de vague, c’est devant son patron… De par ses principes inflexibles qui régissent son comportement (ses valeurs, les seuls choses dont il ne doute pas), et ses capacités à repérer les incohérences, le HPE accepte mal l’autorité (car personne ne devrait être au dessus des autres) et les consignes jugées absurdes. Il ne pourra s’empêcher d’en faire part, quitte à assumer une réprimande. Pour peu qu’il soit vindicatif dans ses revendications, il peut passer alors pour un effronté envers toute hiérarchie, ou même prendre le costume de père la morale exigeant, alors qu’il est juste exaspéré qu’on ne puisse pas comprendre ce qui chez lui semble essentiel et évident. « C’est pour aider !! Le prenez pas mal !! »

 

Et quand les collègues s’en aperçoivent, il est mis à l’écart encore une fois (« Oh la la tu as vu comment il lui parle… ») ou on va se servir de lui pour faire passer des revendications.

 

J’ai souvent été désagréablement surpris d’être de tête de cordé et peu soutenu lorsqu’il s’agissait de désapprouver un supérieur alors que derrière ça pestait pourtant à tout rompre. Seul à partir au front, merci les frères d’arme…

 

En règle général, le révolté qu’il est se fait souvent passer pour un râleur ou un capricieux intransigeant alors que son exagération n’est que la volonté d’exposer son point de vu de convaincu (qu’il est raison ou non) et d’en discuter. Il est entre l’autiste qui va cibler ce qui le dérange, et le révolutionnaire qui va le dire en dépassant le conformisme. Mais il ne cherche jamais à imposer ses idées, il cherche plutôt le débat d’idées.

 

Reste qu’être hors du conventionnel n’aide pas à tisser des liens solides.

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Pause casse-croute ! On s’étire et on prend l’air. Il y a encore du chemin, et la dernière ligne droite est pentue puisqu’elle va nous conduire vers le problème number one de l’hypersensible: le désamour, qu’il soit avéré ou redouté.

 

Irritabilité, épuisement nerveux, incompréhension sur ses révoltes et sur sa lecture des autres, de prime abord l’hypersensible n’a pas les bonnes cartes en mains pour espérer avoir des relations sociales épanouies. Pourtant un HPE fonctionne à l’affect. C’est ce dont je vais abordé dans la partie 4 que vous trouverez en cliquant sur ce lien.