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Hypersensibilité, un mot sur des maux (partie 2)

Aloha amigo ! Me revoilà pour la seconde partie de ce sujet riche et complexe qu’est l’hypersensibilité. Le Haut Potentiel Émotionnel ou HPE (que je vais préférer à HS…) ne s’explique pas facilement. Ainsi après un condensé définissant cette caractéristique (et non une tare !) dans la partie 1, je vais essayer de rentrer un peu plus dans le détail au travers de plusieurs articles, avec en bonus quelques témoignages de mes expériences personnelles (la chance que vous avez ! :mrgreen: ).

Dans cet article, je vais revenir sur les apriorismes et le socle architecturale du HPE: ses valeurs. En route les zouzous, la route est longue, alors pas de pitrerie derrière.  :!:

Cheminement personnel

« Une caresse est un souffle, un son est un bruit intense, un revers de fortune est une tragédie, une joie c’est de l’extase, un ami c’est un amoureux, un amoureux c’est un Dieu, et un échec c’est la mort. »

 

Cette phrase est reprise de l’émission suisse 36.9° qui a traité de la surefficience mentale dans un reportage intitulé « Surdoués, Haut Potentiel de souffrance ? » et que l’on peut retrouver sur Youtube à cette adresse.
Cette phrase résume assez bien l’hypersensibilité, de l’hyperesthésie aux émotions intenses, qu’elles soient merveilleuses ou douloureuses.

 

Moi, j’ai toujours senti un décalage avec le monde. Je vis depuis longtemps avec cette incompréhension du fonctionnement des gens, de la société, des instances, des conventions. Et je sens bien qu’on ne me comprends pas clairement non plus. Fils unique dans un contexte familial fait de fratries, grandissant à la campagne loin de tout par rapport à mes proches et amis, j’ai naturellement acquis le fait d’avoir un regard différent. Mais très vite, et de plus en plus en vieillissant, sont venues les interrogations: Pourquoi on ne me fait pas confiance, pourquoi j’agace, pourquoi je n’ai jamais l’impression d’avancer, alors que je n’ai aucune mauvaise intention, que je m’applique à paraître conforme aux attentes, que je ne suis pas fainéant et que je n’ai jamais eu en moi que l’espérance d’une vie meilleure, humble et juste. Pourquoi ces angoisses qui tiraillent mes viscères, pourquoi cette honte que je ne veux pas montrer, pourquoi ce sentiment d’être toujours à part, et souvent trop seul.  :?:

 

Avant de prendre conscience de cette singularité que nous traitons ici, je me posais beaucoup de questions. Et je m’en pose encore beaucoup. Normal en même temps puisque c’est une des principales particularités du HPE/Hypersensible et ce n’est pas pour rien que l’un de mes livres de chevet en la matière a pour titre « Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant » de Christel Petitcollin (chez Guy Trédaniel éditeur) et qui traite de la surefficience mentale.

 

J’ai cherché bien évidemment des réponses à ces questions. Parfois je me suis reconnu dans certaines définitions, comme celle de l’autiste Asperger par exemple. Mais dès que j’en parlais autour de moi, c’était limite si on ne levait pas les yeux au ciel… « Autiste ?! Rainman quoi… Il doit se chercher des excuses… » devait-on penser.

Moi je n’y croyais pas non plus du coup…  :-?

« Une fausse piste, je dois trouver mes réponses ailleurs » me disais-je.

« Et puis pourquoi je cherche à comprendre ce sentiment d’être différent ? Non, je suis comme tout le monde mais… je suis juste bête, nul, incapable, associable… »

 

Alors au fur et à mesure j’ai voulu accepter ça, d’être nul. Et d’avoir besoin du regard de l’autre pour tracer mon chemin, sans trop rien y comprendre, mal dans mes pompes en société, triste de subir ma vie plutôt que de la choisir. Jamais fier de moi. Anormal que je me sentais. Et de plus en plus, à force de me prendre la tête avec « mon dysfonctionnement » je me sentais asphyxié, refoulant ce que je désirais vraiment, pactisant inconsciemment avec mon démon intérieur : la peur, qui sait prendre bien des visages et qui sera source de bien des malentendus.

 

Pour l’anecdote, je souris aujourd’hui de voir que ce site perso où vous naviguez actuellement ait été réalisé dans ces moments là, et qu’il reflète déjà un univers avec en toile de fond un malaise quand on y regarde de plus prêt en full écran: une île déserte dans un paysage coloré, loin de tout, loin d’un monde illustré au premier plan par des silhouettes sombres. Marrant de voir que l’inconscient parlait déjà.

 

Puis, comme je l’ai un peu expliqué dans l’article précédent, il a fallu à un moment de ma vie que je comprenne, et à travers ça que je fasse un choix: stop, ou encore mais différent ?

 

Avec de l’aide (Allo S.O.S Ouistiti ? :idea: ), et une envie de continuer à croire et à comprendre, j’ai creusé. Puis j’ai trouvé. Tout s’éclaira, remis en perspective. Analyses, témoignages, partout où il était question de l’hypersensibilité, on me décrivait. Et dans mes recherches, je suis retombé sur ces notions d’autisme Asperger, qui serait un autre haut potentiel, un surefficient mental qui se serait plus ou moins coupé des émotions des autres (déficit d’empathie). Jadis j’avais repéré un cousin en fait. 8-O

 

Je ne suis pas autiste, mais j’étais déjà sur la bonne piste. Et j’aurai du m’écouter avant de croire que j’étais Monsieur-Tout-Le-Monde mais en plus débile. J’avais besoin néanmoins d’encouragements et de confiance pour investiguer davantage à prendre conscience de ma caractéristique et des ajustements à effectuer pour une vie plus paisible. Sauf qu’au lieu de la bienveillance, c’est un choc émotionnel et la douleur qui va avec qui ont joué le rôle de moteur. Au lieu d’être tiré vers le haut, je devais m’efforcer de ne pas tomber plus bas. De l’espoir de me laisser porter et cocooner dans les nuages du Paradis, j’ai du me battre pour ne pas me consumer dans les flammes de l’Enfer.  :(

 

J’ai appris, et j’apprends. Et ce que j’ai appris, je veux le partager aujourd’hui pour peut-être aider quelqu’un qui doute, qui souffre, et qui pourrait se reconnaître et faire lui même son cheminement pour retrouver un peu de paix. Notez que les caractéristiques présentées ici et dans les articles suivants ne sont pas l’apanage strict de l’hypersensible bien entendu, mais gardez à l’esprit que lui a tout ce package, et pas juste un ou deux aspects. Il ne définit pas non plus une personne complètement, chacun étant un mélange de traits de caractère qui fait de nous des individus uniques.  :wink:

Ce que l’hypersensible ressent

Avant de savoir ce qu’il est, un haut potentiel émotionnel se sent donc en décalage, comme s’il était un extra-terrestre (ce type d’expressions revient d’ailleurs dans son langage, « je ne suis vraiment pas de ce monde c’est pas possible! ») ; toujours à part, que ce soit avec les centres d’intérêt et/ou dans les conversations des autres. Lors de fêtes, ou autres réunions, que ce soit au travail ou dans le quotidien, il se coupe facilement de l’instant. Il subit comme un décrochage. Ces pertes de concentration l’emmènent dans ses pensées et lui font souvent perdre le fil du présent. Il va alors se sentir mal à l’aise, et réfléchir sur le pourquoi de sa présence et sur les raisons pour lesquelles il ne semble pas s’amuser comme les autres. Pourquoi les autres parlent-ils de choses insignifiantes, voir superficielles ? Pourquoi doit-on adopter ce ton faux ? Pourquoi se sent-il énervé, stressé, agacé ? Se comparant aux autres, il s’en suit alors chez le HPE qui s’ignore un fort sentiment d’incompréhension et de frustration qui va vite se transformer en un besoin de fuir, de s’écarter, de respirer.  :-o

 

Un HPE, de par son incompréhension du monde, peut penser que l’on se sert de lui car on sait se confier à lui, et lui sait se confier intimement et facilement aux autres. Sauf que sa franchise le sortant des codes conventionnelles lui fait souvent dire des choses que les autres n’aiment pas entendre; lui faisant perdre par conséquent ce qu’il croyait être des confidents de confiance. Quel mal a t-il fait en exprimant ses ressentiments plein d’honnêteté ? Il ne comprend pas.  :-?

 

Comme il ne comprend pas comment les autres:

  • peuvent se contenter d’à peu près, ou
  • peuvent laisser en suspend un problème qui pourtant les offusque, ou
  • semblent traverser les événements sans heurt, ou
  • ne prennent pas la mesure de ce qui les entoure, ou
  • peuvent se gargariser de leurs réussites et pavaner leurs acquis,  etc.

 

Le mensonge, l’apparente mesquinerie, l’individualisme le déroutent. L’injustice l’insupporte. L’hypocrisie, les non-prises de position et les regards qui se dérobent le débectent; autant qu’il semble déranger lorsque c’est lui qui veut dénoncer une irrégularité ou une bizarrerie injuste/injustifiée, le faisant alors passer pour un « fauteur de troubles »…

 

Forcément que les doutes l’envahissent. « Je ne devrais rien dire ? Rien montrer ? Sourire en toute circonstance ? »

 

Ne minimisez pas ses ressentiments sous prétexte que c’est normal de ne pas aimer les vices humains… Chez lui ça le démonte vraiment, ça le désillusionne profondément sur la valeur de l’humanité, ça le transperce. Ça le perd même: faut-il toujours être sur ses gardes et jamais dans l’insouciance ? Doit-on toujours remettre en cause ce qu’on nous dit/promet/confie ? Faut-il toujours se préparer à « rentrer dans l’arène » prêt à répondre aux réflexions désobligeantes ? Doit-on s’attendre perpétuellement à ce qu’on puisse nous poignarder dans le dos ?!

 

Forcément que les questions le submergent. Et que cette obsession de vouloir être comme les autres le pousse à agir comme eux, jusqu’à monter dans le manège des mots creux, des réactions théâtrales, et du « m’as-tu-vu ». Parce que lorsque c’est lui qui s’écoute, il se rend compte que ce qu’il veut partager ne semble toucher personne. Que son plaisir à lui semble dérisoire aux yeux de son entourage.

 

Et c’est sans omettre que des intuitions étranges le traversent, qu’une impression de faire du sur place l’angoisse, que cette conscience aiguë le renferme, que les non-dits le blessent, et que ce besoin constant de certitudes et de compréhension le fatigue.

Incompréhension

Lorsqu’on ne se sent pas « normal », ni compris, lorsqu’on trouve simple ce que les autres trouvent compliqué, et réciproquement, lorsqu’on perçoit seul ce qui n’est pas vu, on se décourage. Si un HPE évolue dans un environnement sain, alors il va avancer. Mais sinon il ne se sentira pas aimé. Il se forcera à être ce qu’il n’est pas et pourrait développer des troubles. Viendra l’épuisement nerveux et, potentiellement, la dépression régnera jusqu’au burnout. A force de toujours être à côté de ses pompes, à se comparer aux autres, et d’avoir l’impression de passer à côté de sa vie, l’image qu’il a de lui se détériore.

 

Sauf qu’il ne se rend pas compte qu’il ressent et perçoit plus fort. Il n’imagine pas encore qu’il fonctionne vraiment différemment de 80% de la population.

Ce que les autres perçoivent

Lorsque le HPE prend la parole pour essayer de se faire comprendre, il est perçu comme quelqu’un d’inutilement complexe. Toutes ses questions, toujours à vouloir débattre, à refaire le monde, c’est trop. Et puis il est difficile à suivre dans son discours étrange, à force d’employer des métaphores et d’ouvrir des parenthèses à n’en plus finir, en suivant ses associations d’idées sans fin. On perd le fil aussi en l’écoutant. Devant la surabondance d’informations d’une réflexion profonde, celles et ceux qu’on appelle généralement les « normopensants » (en opposition aux neuro-droitiers minoritaires dont font partie les hypersensibles) sentent aussi ce décalage avec cette personne incompréhensible. Une personne jamais satisfaite qui plus est, avec cette manie de toujours vouloir la ramener, à la limite parfois de l’arrogance.  :evil:

 

Chroniquement insatisfait, le HPE passe pour quelqu’un qui se plaint beaucoup. Il dérange, il laisse perplexe. Il choque même parfois, par sa volonté de trouver la vérité, de remettre en question l’ordre établi, de mettre en exergue, parfois de manière inquisiteur, les valeurs qui sont les siennes, fussent-elles des plus vertueuses (voir plus bas).

 

A la moindre contrariété, l’hypersensible peut exploser de colère. Ses frustrations sont palpables, ses chagrins sont profonds. Mais c’est trop exagéré pour le commun des mortels. Ces disproportions le font alors passer pour un fou, un bipolaire, un borderline, un schizophrène, ou même pour un maniaco-dépressif. (Attention alors aux mauvais diagnostiques psychologiques)

 

Pourtant cet individus envahissant est aussi très joyeux, joueur et drôle, à l’imagination fertile. Son regard décalé amuse. Il peut montrer des signes d’hyper-affections aussi. On le voit chercher à rendre service au mieux, à se casser la tête pour trouver le cadeau qui fera plaisir, à ne pas hésiter à encourager et à remotiver quand ça ne va pas.

 

Mais s’il s’indigne en même temps pour pas grand chose, et étant donné ses variations d’humeur, c’est forcément signe d’un déséquilibré… Circonspect, on commencera à le prendre avec des pincettes:

 

« Les autres arrivent à garder leur sang froid, ils ne font pas de vague eux, pourquoi pas lui ? »

 

« Pas vu pas pris, et tant mieux, si c’est pour son propre intérêt, c’est la règle. Pourquoi toujours vouloir dire la vérité, elle n’est pas toujours bonne à dire. »

 

« Cette façon qu’il a à ruminer et à ne pas passer à autre chose… C’est tout de même pas si compliqué de relativiser ! Pourquoi mettre autant d’importance dans les choses ?! »

 

« Et puis pourquoi rester planté le regard à l’horizon ? Il ne se passe rien… On s’ennuie ! Quand nous on se prélasse, c’est lui qui s’ennuie… »

 

« On en parle de cet humour parfois tellement décalé que c’est lourd voir même de mauvais goût ? »

 

« Et pourquoi chercher la petite bête ? Il se fiche du monde ? Il veut nous prendre de haut ? :?:   :?:   :?:  »

 

Le HPE semble percer à jour les intentions. On se demande alors si à force d’entrer ainsi dans la tête des gens, il n’aurait pas des desseins manipulateurs. « Peut-être cherche t-il à imposer sa vision, pour mieux dominer… » Il devient suspect.

 

Cela est renforcé aussi par sa facilité à faire son introspection sur lui et sur les autres. Qu’on parle d’anecdotes et de goûts personnels passe, mais qu’on commence à remuer la pulpe du fond, ça non ! Remettre en perspective au risque de remettre en cause ce qu’on est, ça angoisse en règle générale (je sens que je vais perdre mon lectorat très vite du coup :mrgreen: ). Car nous n’explorons notre fond intérieur que si nous ne sommes pas bien normalement, pas juste pour organiser une porte-ouverte à qui le veut. Il y a des portes en nous qu’on préfère laisser closes. « Alors pourquoi cherche t-il à tout ouvrir celui-ci ?… »

Tout cela fait qu’on se braque devant ce personnage naïf, instable, compliqué, émotif, curieux, sauvage, immature, voir stupide, avant de prendre ses distances. « Déviant qu’il est, toxique qu’il doit être, imbitable qu’il sera… »

 

L’hypersensible ressent ces réactions. Et le déni qu’on lui inculque inconsciemment sur ce qu’il est réellement (c.a.d différent) va alourdir son mal être. Car lorsqu’il cherche à se faire comprendre, il reçoit bien trop souvent des « Mais arrête ! », « Ça y est, tu recommences ! », « Tu vas chercher trop loin ! », « Tu exagères ! », « Qu’est ce qu’il a encore ? », « Tu réfléchis trop », « Ne fais pas attention », etc.

 

Mais alors d’où vient ce décalage ? Côté obscure, côté lumineux ? Pour comprendre, commençons par revenir à la base: l’étoile noire !  ses valeurs. :roll:

Des valeurs en titane

Obi-wan Kenobi

Selon certaines rillettes, « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ». Je ne sais pas ce qu’il en est de la sensibilité des rillettes, mais ce qui est sur c’est que l’hypersensible a lui des valeurs très ancrées. Néanmoins elles sont souvent contrariées par la réalité du monde qui l’entoure. C’est certainement la raison principale qui explique son sentiment d’être étranger, et ses difficultés à trouver sa place.

 

Les valeurs qui se démarquent chez le HPE sont:

  • la franchise,
  • la loyauté,
  • la justice, et
  • le dévouement désintéressé (si ce n’est un désir de partager de l’affect, important pour un hypersensible)

Avec cette brochette, vous comprenez pourquoi il peut péter un câble devant l’injustice. Perso les héros qui m’inspirent sont toujours imparfaits mais majestueux de bravoure et d’inflexibilité pour régler les problèmes! Pas étonnant que votre serviteur sur ce site se représente portant une cape… :idea:

 

Ces valeurs font du HPE quelqu’un d’idéaliste. Voir même un peu trop, car il pense que tout le monde porte ou devrait porter en lui ces valeurs. Oui, le HPE est un peu bisounours dans sa vision de ce que devrait être le monde. :roll:

 

Il a du mal à admettre que des gens puissent préférer l’égoïsme par intérêt personnel. Pour lui, nous faisons tous des erreurs sous couvert de bonnes intentions, tout le monde peut en prendre conscience et sait faire son introspection, et que par conséquent chaque être humain est récupérable/pardonnable. Fatalement c’est la déception à coup sur, maintes fois et de bien des façons.

 

L’idéaliste qu’il est fait de lui un rêveur, un imaginatif, un créatif, un passionné, un curieux, un altruiste, un empathique, un naïf.

 

Il sait apprécier comme personne la beauté et l’exceptionnel, mais il ne sait pas se préserver de la médiocrité, de la bassesse et des traîtrises. Il se désespère alors facilement d’être confronté à ce qui sont pour lui des aberrations. Et c’est de ce désespoir que vient son côté révolté qui le fait passer pour quelqu’un de colérique.  :evil:

 

Dark Vador

Personnellement, c’est en me remettant grandement en question que j’ai perçu de la crainte chez mes interlocuteurs proches (avec qui je me laisse donc aller plus facilement) lorsque je me mettais à défendre une idée, ou à réfuter un argument qui me paraissait incongru. Je faisais peur. 8-O

 

Autrefois, lorsque je demandais si quelque chose chez moi ne plaisait pas, la réponse me laissait dubitatif: on n’aimait pas quand je me mettais en colère… Je reconnaissais mon tempérament volcanique mais de mes nombreux défauts, je ne m’attendais pas à ce qu’on souligne celui-ci particulièrement. Par rapport à la bonne humeur que j’essayais d’afficher, je n’avais pas l’impression d’être si souvent dans un état conflictuel (et quand je l’étais, déjà ce n’était jamais gratuit, et c’était à 90% contre moi ou contre le destin/hasard… la fameuse « injustice »). Et puis qui aime voir quelqu’un en colère…? Moi non plus je n’aime pas voir de la colère chez les autres… Pour moi cela ne représentait pas un défaut en tant que tel, comme quelque chose de rébarbatif tel une mauvaise habitude, mais plus une réaction humaine déplaisante et ponctuelle loin d’être pertinent pour comprendre mes côtés obscures.

 

Dans ma tête, lorsque j’identifiais que mon ton passait en mode soutenu je me disais « Bah oui, mais je ne suis pas en colère là, je veux faire comprendre MA logique, MON opinion, MA compréhension, MA frustration… Alors pourquoi le prenait-on mal ?! ».  :-?

 

M’étant arrivé d’exploser de déception ou de fatigue, ou encore de dire que j’avais de la colère dans les veines de par un passé douloureux, j’ai pensé que cela venait de là. Et c’est surement en partie vrai. Mais cela n’expliquait pas tout.

 

L’une des dernière fois où je me suis pris le chou, c’était pour une bête règle du code de la route… Je défendais un règlement par A+B, sans y mettre de l’ego, prêt à accueillir un argument contraire valable qui me prouverait mon erreur. Avoir à tout prix raison ne m’intéresse pas du tout. Mais la réaction en face, et comme bien souvent dans ces moments là, c’est de l’énervement, ou du silence, voir du rejet en bottant en touche. Qu’est ce que je pouvais bien dire de travers pour susciter ce genre de réactions ? C’était comme si ma logique ou mes connaissances ne méritaient pas d’être considérées. Comme si je mettais un couteau sous la gorge de mes interlocuteurs en apportant mes impressions… Forcément j’ai aussi trouvé un peu de réponse dans l’apriorisme vu au-dessus, celle de la morale conventionnelle du « Ne fais pas de vague, oh toi, fauteur de troubles! », même si c’est pour remettre en lumière une vérité ou un fait…   :roll:

 

Par la force des choses, agacé mais désirant la vérité et un consensus (comment voulez vous ne pas en démordre avec cette brochette de valeurs citée plus haut ?… :-P ),  je m’efforce généralement alors de m’extirper des reactions parasites survenues pour pouvoir avoir la conversation constructive désirée au départ qui déboucherait sur une conclusion tranchée qui mettrait tout le monde d’accord (ce que je recherche mordicus quitte à changer mon avis sur la question). Et devoir insister pour avoir l’honneur d’avoir autre chose comme réponse qu’un regard de mécontentement ou de gêne, ça m’agace et ça empire les choses.

 

La principale explication de ces réactions craintives à mon égard (au delà des humeurs/défauts des uns et des autres, moi compris) venait donc de cette confusion entre l’état d’insurgé que j’exprimais et l’état colérique qu’on me prêtait. J’aurai du dire que c’était de la révolte (et de la douleur) qui coulait dans mes veines, pas de la colère.

 

J’ai compris en effet que je mettais en fait trop d’énergie dans mes convictions, et ce que les autres percevait comme de l’énervement ne l’était pas pour moi, d’où mon incompréhension et les reproches parasites. Il y avait comme de la passion incontrôlée dans mes constats/mes explications/mes expressions. On m’a déjà dit que je ferai un bon avocat… (en fait non, pas vraiment).

 

Au delà de la révolte qui s’exprime mal, je sais qu’il y a aussi la peur qui peut provoquer ce genre de maladresse. Un peu comme un animal acculé et apeuré qui montrerait les dents… Et afficher une forme de panique dans un argumentaire n’instaure pas vraiment un dialogue apaisant. :(

Yoda

Explication: Vous comprendrez que dans un monde aussi complexe, et fatiguant pour le HPE, qui le pousse souvent à s’isoler ou à s’enfermer dans sa bulle, il n’est pas anormal qu’il y ait parfois de la peur derrière ces réactions. Je rappelle que le livre de Elaine N. Aron ( voir partie 1 ) s’appelle en France « Ces gens qui ont peur d’avoir peur : Mieux comprendre l’hypersensibilité ».

 

La révolte chez un hypersensible est compréhensible aussi, c’est la résultante naît de ses valeurs face à l’absence de leur écho vibrant dans notre société. (Me fais-je comprendre ?  :-P )

 

Le HPE exprime avant tout des émotions le plus souvent, avant même des réflexions j’ai envie de dire. Si ses valeurs sont en plus mises à contribution ou touchées, c’est en tapant du poing qu’il va défendre SA vérité.

 

Et c’est parce qu’il défend ses valeurs avec hargne qu’il arrive à l’hypersensible de réagir de façon impulsive. Cette exaltation est retranscrite de manière exagérée.

 

Problème: la passion positive est inspirante, la passion négative, elle, est anxiogène. Défendre SA vérité ne devrait pas donner l’impression de l’imposer. Sourcils froncés, au lieu de passer pour un diplomate ouvert, on passe pour un contestataire rageux. Pour revenir à mon cas, je ne veux pas agresser ni imposer. Le dialogue, le choc des idées, voilà ce que j’aime. Être convaincu de découvrir de nouveaux angles/de nouvelles perceptions, ça me botte, et cela me cadre en plus. Mais j’ai compris que je m’étais parfois conduit par jusqu’au-boutisme jusqu’à l’exaspération intimidante face à mes convictions et mes valeurs contrariées.

 

C’est en prenant conscience de ses valeurs hors normes et de ses exagérations que le HPE va mettre de l’eau dans son vin pour pouvoir mieux se faire entendre. Encore faut-il avoir devant soi les personnes prêtes à partager des opinions. On le sait, le HPE se pose beaucoup trop de questions, il aimerait forcément qu’on l’aide à trouver des solutions. Mais dans une société régit par l’individualisme et le conformisme, le HPE se retrouve bien souvent seul à faire son exposé. On le freine même, en lui demandant de passer à autre chose, d’éluder la question, d’arrêter de se prendre la tête… et la tête des autres. :-|

 

Sauf que c’est impossible pour lui, son cerveau n’est pas conçu pour ça. Si un hypersensible appuie vigoureusement ses propos, c’est parce qu’il parle avec des émotions rattachées à ses souvenirs, à ses valeurs, et à ses croyances. Lui demander de penser à autre chose c’est éteindre toute la machinerie. Tout est de grande ampleur chez lui. Lui dire de minimiser ne change rien. Encore moins si il a un sentiment d’injustice.


Normal alors de se sentir anormal lorsque personne ne sent ce que lui ressent/voit/entend, et qu’on lui assène des réflexions comme si il n’y avait qu’une unique vérité détenue obligatoirement par la majorité.

 

Anormal, l’hypersensible ne l’est pas. Différent il l’est. Ses valeurs lui procurent une grande ouverture d’esprit. Il observe le monde, mais il s’oublie. Il a du mal à s’assumer en tant qu’individus car il voit les choses en grand. En conséquence il réagit très (trop) fort. Ces valeurs n’y sont pas pour rien, et son hyperesthésie non plus.

 

Arrêt Pipi. On s’arrête là pour cette partie 2, avant une partie 3 plus dense où on ira décortiquer un peu plus l’hypersensible, en commençant donc par cette hyperesthésie, ses sens affûtés démunis face aux stimuli. La suite en cliquant ici.


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