Oyo ! Alors, on digère ? Prêt à repartir ? Dans la partie 3, on a commencé à voir les particularités d’un hypersensible à travers son hyperesthésie, son instinct, et tout ce que cela engendre de bon comme de mauvais. Dans le négatif, on a constaté que ses rapports aux autres sont compliqués. Mais dans ce domaine, il y a encore beaucoup à dire.
Le désamour est quelque chose de destructeur pour l’hypersensible. Lui vit de l’affect, mais si il ne comprend pas son fonctionnement d’HPE, il ne sait pas s’y prendre et c’est voué à l’échec la plupart du temps. Comment cela se passe t-il pour les amis ou les amours ? C’est en dessous que ça se passe.
Des proches éloignés
Maladresse, malentendu, malaise
On a déjà compris que le HPE peut paraître colérique. Outre le fait qu’il présente des réactions dérangeantes, les problèmes relationnels d’un hypersensible viennent souvent de sa manière spontanée, un peu brute, parfois blessante, de gérer les rapports qu’il a avec les autres. Les codes sociaux lui échappent.
Franchise, vérité, surexcitation mentale… Cocktail volcanique ! Comprenez que lorsqu’il ose l’ouvrir, il prend le risque (ça lui arrive ) de déplaire pour donner son point de vu honnête, envers des gens dont il a certainement confiance et dont les idées l’intéressent… Pensez vous vraiment qu’il parle pour imposer, écraser et avoir raison ? Est-il possible qu’il y ait derrière ses manières abruptes une forme de maladresse ?
C’est s’entraîner devant un miroir qu’il lui faut et des gens aimants pour lui faire comprendre que même si le fond est intéressant, la forme est acerbe et nuit à son propos.
Parce qu’en plus des suspicions qu’il inspire, et qu’il ne comprend pas, le HPE est susceptible. Comme il pressent les intentions, il surinterprète vite les remarques, les critiques et même les plaisanteries anodines. Il présuppose une marque de désamour de l’autre, et ça le déçoit, pire ça le blesse. La moindre remarque peut alors le déstabiliser. Il en faut peu pour faire transpirer ou rougir un hypersensible.
Personnellement je pourrais vous citer toutes les remarques gravées en moi depuis tout petit. Chacune des remarques est source de contrariétés. Comme si les autres avaient forcément raison, ou bien que leurs réflexions étaient inévitablement au premier degré et légitimes, et qu’elles résumaient la valeur qu’on me portait.
L’hypersensible devient alors son propre problème. Se remettant sans arrêt en question, obsédé qu’il est à vouloir bien faire et plaire (ou plutôt à vouloir ne pas déplaire, nuance), et devant ces retours fatalement en sa défaveur, l’estime qu’il a de lui se consume.
En découle alors:
- un sentiment d’injustice – « Je fais pourtant de mon mieux, alors pourquoi ? »,
- un mécontentement de soi – « Je suis nul. »,
- un mécontentement vis à vis des autres – « Marre qu’ils ne comprennent rien ! »,
- une volonté de prouver qu’on est meilleur à s’en mettre la pression – « Je n’ai plus le droit à l’erreur, je dois sourire, laisser parler, ne rien dire… »,
- etc.
Je me doute que personne ne s’est rendu compte après m’avoir quitté d’un « A la prochaine ! » de fin de soirée… Moi refaisant mille fois les conversations sur le chemin du retour, me demandant où j’avais pêché, pourquoi on m’a dit ça, comment j’aurai du réagir, « zut, zut, zut »…
Groupe de morphèmes
Puisqu’il a toujours l’impression de parler chinois, le HPE a l’obsession de vouloir bien se faire comprendre et recherche toujours le mot juste. Les mots ont un sens et la quête de la compréhension passe par là (ce que je m’applique à faire en écrivant et en relisant 20 fois…). Mais ce n’est pas forcément son fort et il peut bloquer sur un mot qui ne vient pas, consterné (vraiment) de devoir se contraindre à employer un mot qui ne semblera pas définir avec exactitude son propos ; surtout si son exposé est spontané pour expliquer quelque chose de l’ordre du sensitif – exposé qui sera de toute façon toujours mal retranscris et mal compris au niveau rationnel envers des personnes qui ne partagent pas la même vision de la réalité.
C’est pourquoi il peut expliquer longtemps avec insistance en adoptant souvent l’utilisation de métaphores, son cerveau lui apportant les images plus facilement que les mots. Évidemment, je l’ai déjà dit, il croit que les mots des autres sont du même acabit, choisis pour impacter. Un tort. Les autres ne pèsent pas toujours leurs mots, peuvent se tromper, ou, certes, proférer aussi des propos destinées à être malveillants. L’hypersensible doit intégrer cela et ne pas prendre les réflexions comme si on lui crachait dessus systématiquement. Les réflexions sont aussi des moyens de s’améliorer et de jauger les affinités.
Le problème des séries B
Gestion difficile pour discuter donc, mais aussi difficulté à rester captivé devant l’intérêt des conversations lui semblant trop souvent bateau. Comme tout le monde, oui, mais le HPE va beaucoup plus vite se sentir lassé par le côté plan plan de ces discussions un peu superficielles. Il les décrypte vite.
Il entrevoit déjà la longueur monocorde de la conversation des personnes neurotypiques, gauchers du cerveau, qui ont une pensée séquentielle. Ces conversations qui se contentent de survoler des sujets aussi passionnants que le temps qu’il fait. Notez que ce n’est pas un mal, les darwinistes diraient que ce genre de conversations est un comportement social tout à fait typique qui aiderait à apprendre à faire le tri entre les apparences et la vérité.
Seulement un hypersensible, droitier du cerveau, a une pensée en arborescence ; celle-ci établit vite les probabilités, et la finalité du propos va vite lui sauter aux yeux avant la fin de l’échange. Pour lui c’est long. C’est ennuyeux. « Tout ça pour dire ça…?! ». Et ça ne donne pas envie de s’investir. D’où des décrochages inopinés. D’où ces apparents détachements du groupe.
Sa concentration enrayée, il va se focaliser sur une autre des nombreuses stimulations qui cognent à la porte de son attention. Il va alors gamberger dans ses pensées, ses associations d’idées, ses images, etc, avant de se rendre compte qu’il ne suit plus ce qu’on lui dit et qu’il va devoir faire l’effort de… recoller au peloton en quelque sorte.
Perso j’ai toujours l’impression d’avoir l’attention d’un gosse de 8 ans qui trépigne sur sa chaise pour aller jouer dehors. Bref.
Ce genre de réaction va interroger le HPE sur le bienfait et l’utilité de sa présence. Lui qui veut du profond, de la moelle. Il veut que ça pédale quoi ! C’est un sprinter et pas un rouleur ! (c’était la fin du Tour de France au moment où j’écris ces lignes, désolé)
Rien de méchant là-dedans, juste une incompréhension de plus sur le pourquoi les autres se contentent de si peu, de poncifs rébarbatifs. Mais un hypersensible doit comprendre que tout le monde ne parle pas avec le cœur ou les émotions, mais juste par l’intellect, en suivant ses idées, sans prise de tête.
Le faux self service
Par la force des choses, sans avoir le retour espéré (accentué par les grandes attentes de ses grands principes), il va se calfeutrer en lui pour éviter tout malentendu. Lorsqu’on ne se comprend pas c’est la solution de facilité la plus évidente.
Le HPE n’est pas fait pour la solitude. Mais il va souvent préférer l’isolement de peur d’être médiocre. La solitude se vit un peu mieux si on la choisit que si on la subit. Il évite ainsi le risque de se sentir rejeté/décalé encore et encore, et se soustrait à la fatigue de toujours être tendu en société.
Mais cette nouvelle illusion de contrôle est voué à l’échec car il n’en restera pas moins étrange aux yeux des autres s’il reste dans sa bulle. L’incompréhension prend le pouvoir, de part et d’autre. C’est aussi souffrir. De toute façon, l’Humain est un être sociale, il est fait pour échanger. Le HPE est alors prédisposé à cet autre piège : l’adoption d’un faux self.
C’est un piège car la solution ne se trouve pas non plus dans la frustration de devenir quelqu’un d’autre de plus « conforme » pour ne pas faire tâche dans le décor et pour ne plus se sentir déprécié. Adopter un masque va l’éloigner de sa vraie nature, le rendant plus froid, plus insensible. Subir cet inconfort par soucis d’insertion, imiter pour s’adapter aux autres, c’est souffrir encore. Le HPE veut offrir ce que les autres veulent, il veut être ce que les autres sont. Mais acquiescer contre nature en occultant son authenticité et sa spontanéité, cela ne tient qu’un temps. Tenir ce faux-self réclame une fois de plus de l’énergie mentale, et on l’a dit, celle-ci est déjà suffisamment sollicitée chez lui.
Beaucoup se mettent dans le costume du clown de service par exemple, à faire rire la galerie. Pourquoi pas, c’est un rôle facile à tenir pour quelqu’un qui a une rapidité de penser, de la joie en lui, et une façon décalée de voir le monde. C’est un rôle qui fonctionne, qui plait, mais vers qui on attend rien d’autre que la blague. Un costume de carnaval qui lorsqu’on le quitte est vu comme du mécontentement (« Bah alors, tu fais la tronche ? » ). Mais qui fait rire le clown ? A-t-il le droit d’être autre chose qu’une boîte à rire ?
Le faux-self est une imposture. Et l’imposture est le royaume de l’indifférence, de l’arrogance et du mépris. Choisir cette solution c’est mettre son perfectionnisme au service d’un comportement conduisant au déni de ses sentiments et à l’agacement. Ne plus s’écouter et penser devoir vivre avec ces « ajustements » devient douloureux, pour le HPE, et pour l’entourage. C’est trop contraignant vis à vis de ce que l’hypersensible est réellement. Un haut potentiel doit apprendre que cela détruit d’être sans cesse dépendant du regard d’autrui.
Notez que les Hauts Potentiels Intellectuels, les HPI (ceux au Quotient Intellectuel élevé), sont les champions du faux-self. Eux sont souvent coupés de leurs émotions et vivent sans, alors qu’ils devraient se reconnecter à elles au contraire. Le HPE (au Quotient Émotionnel élevé) vit avec ses émotions mais il doit savoir les écouter en les canalisant. Et sans s’en déconnecter non plus.
Remise en perspective
Le HPE perd ses ami(e)s pas seulement par incompréhension ou malentendus, encore moins parce qu’il ne les aime pas, mais souvent aussi parce qu’il pense les décevoir constamment de ne pas correspondre à ce qu’ils aimeraient voir de lui. Il ne veut pas les gêner non plus mais il les gêne quand même. C’est pour cela qu’il sera encore une fois insatisfait. Il provoque l’éloignement des siens et il en est le premier malheureux. C’est la résultante de son faux-self, de cette honte qu’il ne veut pas montrer et de la pression qu’il se met à ne pas déplaire.
Comme précisé en amont, un hypersensible peut agir de façon bizarre parce que le stress est trop envahissant et que la fatigue à tenir son faux-self conventionnel va faire craquer ce masque. Son amygdale sur-stimulée va le conduire à fuir ce malaise. C’est seulement lorsqu’il reprendra ses esprits qu’il se sentira idiot de paraître comme le vilain petit canard.
Comprenez que si vous voyez un hypersensible vous éviter d’un coup, voir à vous rembarrer de façon incompréhensible, c’est surement qu’il a besoin de débrancher, de se calmer intérieurement, de récupérer, de se retrouver avant de pouvoir replonger dans la bataille.
Le HPE doit penser à recentrer son attention trop mis sous tension. Non il ne vous fait pas la gueule, non il n’est pas en colère. Et si il l’est, c’est qu’il n’a pas compris son fonctionnement, et par extension les raisons de son agacement et de son épuisement. Oui il n’a pas toujours l’air de s’amuser, il a l’air tendu, et un peu à l’écart. Il peut avoir l’air de ne pas vouloir participer, mais peut-être qu’il est en souffrance et qu’il aimerait retrouver une paix intérieure. Mais qu’il essaye de garder la face le plus possible dans un faux self, sous contrôle permanent de son personnage psycho-rigide qu’il a créé pour être en conformité avec la société. Sinon il a peur de sentir qu’on le prend pour un fou. Ou pire de devoir expliquer ce que les autres ne sont pas prêts (ou ne veulent pas) entendre/comprendre.
C’est aussi pour cela que je fais ces articles: qui veut comprendre le peut, je n’impose rien. Le jugement est facile. Mais la recherche de compréhension devrait toujours prévaloir et être prérequis avant de coller des étiquettes aussi ridicules que blessantes pour justifier son indifférence et son mépris. C’est mon avis aujourd’hui. J’ai toujours voulu respecter ça et j’irai toujours dans ce sens (à bon entendeur).
Un cœur de verre
Le cœur épris
Un HPE est fidèle, loyal et dévoué. Mais il a peur de l’abandon. Alors lorsqu’il s’agit d’amour c’est souvent trop. Trop d’attention, trop exclusif, trop demandeur, trop d’attentes, trop de confiance aussi.
Le HPE met plus de temps à trouver son compagnon/sa compagne de route, conscient de ce qu’il recherche en terme d’engagement.
Si il trouve l’amour, et comme il doute de lui, son manque d’individualisme (savoir vivre pour soi) transforme cette affection en amour vital, indélébile, gravé dans le marbre. Rappelez vous du début de la partie 2 : «un amoureux est un Dieu». Alors comme l’adepte d’une croyance, il peut devenir extrémiste en érigeant l’autre sur un piédestal. L’approbation et l’avis de l’autre deviennent paroles d’évangile. Partager ce qu’il aime l’exalte. S’effacer pour ne pas intervenir dans le jardin de l’autre lui semble normal. Aider et encourager sont ses preuves d’amour. Être compréhensif est son devoir. Faire plaisir et sacrifier ses envies/besoins font de lui un bon petit soldat rose. Décevoir est un blasphème.
Selon toute vraisemblance, l’hypersensible manifeste un besoin d’amour. Alors on se figure (lui compris) qu’il est dépendant affectif. Sauf que son besoin majeur n’est pas de recevoir, mais de donner. Sinon il ne pourrait pas vivre avec des narcissiques, ces personnes que l’hypersensible doit apprendre à se méfier (j’y reviendrai).
Par extension, pour beaucoup, donner gratuitement sans contre partie est suspect… encore. Cela cache forcément quelque chose, il lit les gens en plus, il manipule évidemment…
Non. Dans le cas d’un hypersensible, non. Il aime faire plaisir, même si cela ne l’arrange pas. Ce n’est pas pour se glorifier et faire plus que l’autre, mais juste pour montrer… bah qu’il aime et qu’on peut l’aimer.
Le cœur brisé
Si vous avez compris ce que l’être aimé représente pour le HPE au cœur épris, que pour lui l’amour c’est le Graal, vous vous doutez qu’à contrario les ruptures amoureuses sont pour lui un véritable cataclysme, l’apocalypse. Amputez le d’un membre, ce sera pareil ; que ce soit dans la douleur, dans le temps de « rééducation » et des séquelles qui en résulteront, du traumatisme à la dévalorisation. Et c’est sans compter les questionnements sur le pourquoi du comment.
Il ne fait pas de différenciation entre lui et la personne aimée. L’autre n’est pas sa moitié, c’est son TOUT. D’où le danger qu’il pèse sur lui de se faire manipuler. (j’ai dit que j’y reviendrai)
Et pour rajouter à la douleur d’un cœur brisé, le HPE ne sait pas compartimenter son passé et facilement passer à autres chose comme le ferait un « normopensant ». Pour le HPE la vie est faite d’un seul bloc. Il n’y a qu’une seule page dans le livre de sa vie, alors ne lui faites pas le coup en lui demandant de « tourner la page », il ne comprendra pas.
La résignation est difficile. Ce n’est pas un chat à neuf vies, une de perdue et patati… Non, il vit sur l’amoncellement de ses émotions vécus. « Refaire sa vie » est absurde pour lui. Ce serait mettre de l’importance sur rien ni personne. Ce serait comme ne plus faire attention à son enfant, c’est inconcevable. Globalement, si cela tient à cœur le HPE, il ne va pas en démordre, même si il le devrait pour se sauvegarder des coups durs.
Le par cœur
Un hypersensible fonctionne à l’affect. Il veut aimer, trop. Il met de l’affection partout, sur les animaux, les lieux et même les objets qui l’entourent (ses « grands amis » comme le raconte Christel Petitcollin dans son livre Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant). Tout est affect, rempli de sentiments, important et connecté à son passé. Cela lui donne un côté gnangnan à la limite de l’infantilisme déplacé. Il a ses nin-nins. Alors qu’il y a beaucoup de respect dans cet état d’esprit qui rappelle certaines philosophies. « Aime et respecte ce qui t’entoure ».
C’est aussi grâce à cet aspect guimauve que le HPE peut arriver à se contenter de vivre seul lorsqu’il choisit la solitude. Il ne l’aime pas mais il sait la gérer et ne s’ennuiera pas. Les liens tissés avec ce qui l’entoure remplissant son univers. Cela compense (cela ne comblera pas son besoin de partage par contre).
Tout est chargé d’une âme, tout est un peu vivant pour lui. Ce qui entre dans sa vie fait parti de sa vie, cela a du sens, alors ne lui jetez pas cette relique ancestrale qui n’est pour vous qu’un bout de carton inutile plié au fond d’un placard… Qu’il fasse le tri ? Avec son indécision permanente ? Il trouvera toujours une raison pour ne pas s’en séparer.
Mise en garde
Portrait de sa vulnérabilité
Résumons. On l’a vu, la personne hypersensible met souvent du négatif dans du positif parce qu’il va réfléchir plus loin, voir d’autres alternatives, d’autres conséquences, positives comme négatives. C’est pourquoi il ne semble jamais satisfait, et qu’il remet sans cesse en cause ses réussites.
La culpabilité ressentie s’explique par une peur d’échouer, qui le pousse à se freiner, à ne plus prendre de risque. Cela impacte son estime provoquant un gros déficit de confiance, lui faisant perdre son objectivité et entraînant un décalage.
Ce décalage est source de souffrance entre l’image positive qu’il essaye de renvoyer, et la perception personnelle qu’on lui renvoie, de se voir comme quelqu’un qui a un problème ou qui se sent différent.
Il sait donc s’auto-critiquer mais au détriment de son amour propre et de sa confiance en lui.
C’est un auto-sabotage inconscient permanent. Il a cette petite voix intérieure qui le critique d’agir mieux à chaque instant, allant jusqu’à adopter un masque, cette « poker face », pour s’accorder aux règles et aux bonnes mœurs.
Cette diatribe interne le remet perpétuellement devant ses erreurs ou ses peines passées, réanalysant les faits, jusqu’à le convaincre que c’est toujours de sa faute, de manière subjective et disproportionné devant la réalité.
Ainsi si vous cherchez à dénigrer un haut potentiel émotionnel, laissez le, il le fera lui même.
Par conséquent il va basculer très vite inconsciemment du joyeux aux questionnements proches des idées noires. C’est ce changement d’humeur brusque qui le fait passer pour un bipolaire. Tout ça parce qu’il a une faculté d’imagination et d’association d’idée très forte. Avec son cerveau aux pensées désordonnées mais créatives, le Hpe se fabrique ses films. Mais il n’est jamais très loin de la déception après avoir déjà imaginé le meilleur à l’annonce de quelque chose de prometteur. L’expression « Se bercer d’illusion » lui va si bien.
C’est pourquoi il a tant besoin de certitudes et de se recentrer. S’il pose beaucoup de questions, c’est pour savoir si son analyse est cohérente, compréhensible, et s’il ne se trompe pas. Ce n’est pas pour la ramener et embrouiller.
Le HPE doute lui même, culpabilise et se lasse. Le laisser douter, le laisser bouillonner, sans répondre à ses questions c’est le nier.
Il est sujet à la déprime, à cause de ce vide identitaire du fait de donner trop d’importance à l’avis et au regard extérieur, mais aussi du fait de cette croyance de devoir grimer son vrai lui pour mieux s’intégrer. Il se fatigue plus vite, devient alors plus irritable, à cause de ses sens stimulés fortement qui l’impacteront nerveusement.
Alors qu’il devrait se rendre compte que le retour qu’il a des gens est tronqué puisqu’ils sont rarement comme lui. C’est pourquoi il doit apprendre à se détacher et accepter d’être lui même pour devenir son propre conseiller, ne serait-ce que pour se protéger des gens mal-attentionnés qui saboterait davantage de leurs grains de sable les rouages de l’hypersensible.
Le pervers narcissique
Vient alors le piège dont je faisais allusion plus haut. Tout cela le rend manipulable. C’est pourquoi il est important pour un hypersensible de se méfier des pervers narcissiques ou même simplement des opportunistes.
Ces personnes qui par intérêt et pour le bien de leur image et donc de leur ego, vont mentir ou diront ce que les autres veulent entendre. C’est un danger pour un HPE avec qui ces personnes vont jouer.
Le manipulateur prend vite conscience de ce qu’est l’hypersensible, pour mieux appuyer sur ce petit bouton qui le mettra en rage, ou pour mieux laisser le doute planer afin de le mettre en posture de malaise. Jouer au yoyo avec lui, bonne poire, histoire d’entretenir ce sentiment d’insécurité dans son esprit, peut faire des ravages.
On l’a vu, le HPE est avide de relation franche, chaleureuse, intime et partagée. La froideur calculatrice et personnelle des narcissiques ne devrait pas l’attirer mais l’apparente complexité de ces personnes le fascine.
Un hypersensible aime explorer les sujets profondément, même extrêmes ; cela entraîne parfois d’autres malentendus si il ne pense pas à se recentrer et à préciser que son intérêt pour ces extrêmes ne représente pas le fond de sa pensée. C’est son côté révolutionnaire contestataire à la vision lointaine et aux questionnements permanents qui le pousse à ça.
Offrez donc au HPE une personne complexe à décrypter, et ce sont ses sens et son cerveau en ébullition qui vont enflammer son intérêt. « Voilà quelqu’un d’intéressant !! » Devant cette personne difficile à contenter, le HPE va vouloir lui faire plaisir jusqu’à faire pour le narcissique ce que le narcissique ne fera pas pour lui.
Le HPE va vouloir être aimé, faire confiance et qu’on lui fasse confiance. Avoir en face de soi une personne avec un faux-semblant fait croire au HPE qu’elle est pareil que lui, et que cette personne le comprendra.
Sa peur du rejet va le pousser à ne pas se détourner de ce type de personne, quitte à se contenter du peu d’affection que lui accorde le pervers. En manipulant ainsi son système de valeur, le narcissique manipulateur peut rendre dingue un HPE. Lui sentira instinctivement que quelque chose ne colle pas, qu’on ne lui fait pas confiance, qu’il n’a pas l’affect qu’il aimerait, et cela va le conforter dans son mal-être et le faire souffrir toujours d’avantage.
Mais son côté « bisounours » l’amènera à penser qu’il se trompe et que tout le monde a un bon fond, est sensible aux belles valeurs, a de l’affect en lui à offrir et à mériter. Alors le HPE va toujours essayer de comprendre quelqu’un… où il n’y a rien à comprendre en réalité, puisque rien est authentique et honnête. Il va creuser dans le vide. Pour se retrouver en situation d’échec.
Dans un doute grandissant sur sa faculté à gagner l’attention de cette personne, il va culpabiliser jusqu’à se convaincre que c’est lui le problème, l’unique responsable de ce qui ne va pas, laissant au pervers narcissique le chemin grand ouvert à toutes sortes d’accusations, avant qu’il ne le rejette brutalement quand il n’aura plus besoin de sa proie, où quand celle ci est trop dévastée d’avoir l’impression de compter pour du beurre.
J’ai une idée de ce que peut être une vie avec quelqu’un de personnel, qui ne partage ou ne propose pas grand chose, ne répond pas avec franchise et honnêteté à vos questions, qui répète par écrit ses réponses comme on se prépare à jouer une réplique de théâtre, qui semble vous mettre loin dans sa hiérarchie, qui n’est pas là quand vous êtes triste, qui ne vous arrête pas quand vous fulminez, qui vous laisse vous perdre, qui vous balade d’espoirs, de rire et de rêves teintés de son empreinte, mais qui manigance derrière le dos de ceux qui l’aiment, qui profite de votre crédulité pour vous laisser l’encourager sans le savoir à commettre ses perfidies… Avant de revenir vers vous avec un « désolé » de bon usage.
Quelqu’un qui n’accorde aucun crédit ni à la reconnaissance qu’on lui offre, ni aux preuves d’affection, ni aux liens tissés, ni aux engagements pris, ni au vécu d’une vie « influencée » forcément négativement, pervertie, dominée, par celles et ceux qui POURTANT ont toujours pris le temps, de demander, d’écouter, de partager, d’offrir, de conseiller, d’aider, de calmer, d’encourager, de comprendre (jusqu’au bout), qui ont rejoins et suivi, heureux des réussites de l’autre à le clamer, et qui n’ont jamais mis de couteau sous la gorge de personne.
Oui j’ai une idée de ce que cela peut être. Ce sentiment d’avoir vécu dans un décor carton-pâte où on a toujours l’impression de tout rater, où rien ne semble avoir compté, et où le mensonge s’est immiscé, à table, en promenade, au lit, partout pendant plusieurs années. Est-on vraiment toujours « seul responsable de son comportement » ?
Évidemment vous aurez compris que derrière ces dernières phrases pleines de désillusions, j’évoque ce choc qui m’a conduit à me poser autant de questions sur mon existence. C’est parce que cela reste latent et vivace que j’y fais allusion par bribes.
Je sais bien qu’il y a des portes qu’on doit laisser fermées, parait-il. « Tourner la page », oui, no problemo. Pourquoi en être perturbé, et vouloir en parler…?
Certainement par regret d’avoir montré du moche, du désespoir, en extériorisant un malaise intérieur que je n’avais alors pas encore identifié, et qui a déformé le regard qu’on a pu me porter aux antipodes peut-être de ce que je suis réellement… Ce qui a certainement aidé à me clouer au pilori le moment opportun.
Certainement par affection pour des gens qui ne sont pas pour moi que de passage et dont je me paralysais à l’idée de leur déplaire.
Certainement par rage d’être resté avec ce que je croyais être ma famille mais qui ne m’aimait pas, au lieu de profiter des derniers jours de personnes de ma vraie famille qui m’aimaient vraiment.
Certainement par culpabilité de ne pas m’être protégé, de m’être fait avoir, d’avoir trop rêvé en occultant un mal être bien présent et pressenti. Aboutissant qui plus est à une peine et un sentiment de trahison supplémentaire pour les miens.
J’aurai du m’écouter et partir quand je sentais qu’on ne me faisait pas confiance et qu’on se fichait de moi, mais on m’a retenu d’un «Mais je veux pas que tu partes!» et j’ai cru, j’ai fait confiance. Quand j’ai essayé de retenir à mon tour, pour un court laps de temps, ça n’a pas eu le même effet. J’ai du insisté même pour avoir l’honneur d’une oreille semi-attentive. Avant qu’on me laisse croupir dans mon traumatisme sans m’épargner l’audace d’un « Bonne journée » après qu’on m’ait demandé comment je comptais m’organiser pour débarrasser le plancher. Et je me suis exécuté… seul, meurtri et inconsolable, en bon petit soldat. Des lueurs de projets communs je suis passé à cette noirceur en une semaine. Et elle a su m’emporter loin et longtemps cette noirceur, comme jamais j’aurais cru.
Mais vaut mieux en dire le moins possible, mes valeurs, mes rêves et mes surinterprétations ont tendance à m’en faire dire trop. Et puis, de la colère (pas forcément ciblée d’ailleurs), de la tristesse, et beaucoup d’amour à résumer est impossible. Car ce ne serait pas objectif, et j’espère ne pas tout comprendre face à ma connaissance des faits d’une vie antérieure longue, imparfaite, mais prometteuse. De par mes investigations et mon cheminement personnel, et en interprétant des données certainement tronquées, ma raison cherche à convaincre mon cœur de ne pas rester en mode automatique, avec ses croyances inflexibles et ses trésors qu’il garde tapis en lui, perdu entre le vrai et le faux. Mais c’est bête un cœur. Surtout après 10 ans. Il aime c’est tout. Il voudrait que ce qu’il ressent ait un sens. Que ses larmes torrentielles soient la preuve de la perte d’un amour fort partagé, et non de la crédulité consternante d’un naïf qui se réveille. Et mon cœur aimerait tellement damer le pion à ma raison si vous saviez. Tellement.
Quoi qu’on puisse en penser.
Digression personnelle terminée. Pardonnez ce cœur difficile à bâillonner.♥
(Je conçois que cela peut ressembler à un déballage pas très élégant mais sachez que je n’ai pas l’initiative de la provocation sur la place publique d’affaires intimes. Je suis plutôt du genre à dire les choses directement à la personne plutôt que de passer par les réseaux, ou YouTube. Mais j’assume, je livre mes expériences et j’en profite pour extérioriser ce que d’autres ne chercheront jamais à comprendre en me tournant le dos, et j’utilise alors les mêmes manières que la personne dont il est question et que je croyais connaître lors de cette relation qui, moi aussi, m’a influencé et m’influence encore, bien évidemment! Moi aussi je peux voir les gens moches quand ça m’arrange… Je viens de le faire. C’est facile, parce qu’il y aura toujours matière… mais c’est bête, basique. Je ne veux plus me forcer à ça parce que ça parait « évident ». Moi aussi je peux coller des étiquettes pour ne plus aimer. Parfois on est poussé à ça, pour éviter ou arrêter de souffrir. Mais je préférerai toujours aimer. Sauf que je n’ai plus à être ce petit toutou qui attend son maître éperdument ou qui montre les crocs en se sentant acculé.
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas un site d’information, mais mon site perso, où je m’autorise à vider mon sac si ça peut aider à faire comprendre, tout comme vous êtes libre de me juger et d’en faire part en commentaire, je ne bloque personne du moment qu’on exprime une opinion).
Aparté sur la digression terminé.
Cela étant dit, j’imagine alors le danger qu’il y a à se retrouver piégé avec quelqu’un qui porte un masque, profite sciemment de la crédulité, des faiblesses et qui laisse derrière lui du faux. Pour celui ou celle qui croit compter, qui croit construire, qui croit rêver, qui croit en l’autre, la chute peut être très grave. Un jour peut-être je vous causerai de ghosting, d’ESPT, de ruminations mentales et de myoclonies secondaires. Attention donc. En règle générale, quand vous dites à la personne aimée que vous la protégeriez de votre vie s’il le fallait tellement elle est importante pour vous (une manière de lui dire que vous l’aimez à mort), et qu’elle vous répond sérieusement que la réciproque pour elle c’est « Je sais pas, faut voir la situation »… Ne détournez pas le regard, même si ça vous brise le cœur, et demandez vous si vous ne méritez pas mieux qu’un mirage qui vous considère, au mieux, comme un sexfriend qui joue à la dinette.
Pause Kit Kat. On arrive bientôt au bout. Dans cet article on a soulevé un danger toxique pour l’hypersensible : le fameux pervers narcissique. Même si il est un danger pour tout le monde je pense (même pour lui), pour un haut potentiel c’est le piège à éviter car il fait une proie idéale. Le pervers narcissique est l’inverse de l’hypersensible ; de par son individualisme, ses valeurs hypocrites, son partage intéressé, et son vide intérieur.
Dans la partie 5, qui conclura ce package d’articles, je résumerai rapidement ce que l’hypersensible devra réaliser sur sa condition en générale, pour celles et ceux qui se seront reconnus. On se retrouve ici pour la fin du parcours. Bisou.